Appuyé par le Parti québécois, Québec solidaire a tenté en vain, mercredi, d'inciter le gouvernement du premier ministre Jean Charest à débattre des risques liés aux exportations québécoises d'amiante dans les pays en développement.

Les libéraux se sont objectés au dépôt d'une motion du député Amir Khadir proposant de confier ce mandat à une commission parlementaire.

Lors d'un point de presse, M. Khadir a affirmé qu'il demeure toutefois nécessaire de débattre de la question, notamment parce que les arguments des scientifiques et de l'industrie s'opposent quant aux risques liés à l'utilisation de l'amiante.

Je ne pense pas que le gouvernement, dans sa position de fermeture, rend service au Québec puis à l'industrie, a-t-il dit. En fait, par cette espèce de déni de la réalité, ce qu'on contribue à faire, c'est enraciner la perception, là où on exporte ce produit, qu'on a quelque chose à cacher, qu'on a quelque chose qu'on n'utilise pas ici puis qu'on leur envoie notre toxique.»

Le porte-parole péquiste en matière de ressources naturelles, Denis Trottier, a affirmé que le gouvernement québécois ne peut se décharger de ses responsabilités sur les gouvernements étrangers.

Le PQ n'a pas encore de position sur le sujet mais M. Trottier a estimé que les conditions d'utilisation de l'amiante doivent être prise en considération lorsque le Québec cautionne l'exportation de cette fibre minérale.

Si on a des preuves que, dans certaines entreprises ou certains pays, c'est mal utilisé, je pense qu'on a la responsabilité de cesser l'exportation, a-t-il dit. (...) On a une responsabilité de s'assurer qu'on ne met pas la santé des autres en danger.»

Lors d'un récent séjour en Inde, M. Charest a été interpellé à deux reprises par des travailleurs réclamant qu'il mette fin aux exportations d'amiante dans leur pays, où sont observés de nombreux cas de maladies provoquées par ce produit, utilisé principalement dans la construction.

Le premier ministre a cependant répété qu'il appartenait au gouvernement indien de légiférer en la matière, même si la très grande majorité des Indiens travaillent dans un contexte qui échappe au contrôle de l'Etat.

En concluant son périple en sol indien, M. Charest avait soutenu que le débat sur les risques de l'amiante était une chose du passé et que le position du gouvernement québécois ne changerait pas.

Selon M. Khadir, le Québec ne peut fermer les yeux sur les dangers que ce produit cancérigène représente, notamment dans les pays en développement.

On a déjà critiqué cette exportation qui se fait dans des conditions qui ne respectent pas la sécurité des travailleurs à l'étranger, a-t-il dit. On l'a vu dans le cas de l'Inde.»

Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, a pour sa part affirmé lui aussi qu'il faut débattre des risques associés à l'utilisation de l'amiante.

On trouve un peu drôle que des centaines de scientifiques sont assez consensuels, à l'échelle internationale, sur les méfaits de l'amiante, dans plusieurs pays et que, de l'autre côté, on a un Institut du chrysotile (au Québec), qui a l'air d'un groupuscule qui veut défendre coûte que coûte 500 jobs», a-t-il dit.

Selon M. Lapointe, le débat pourrait notamment servir à déterminer s'il faut cesser graduellement les activités de production d'amiante au Québec.