La chef péquiste Pauline Marois a réclamé une enquête sur le financement du Parti libéral du Québec, jeudi, à la suite de déclarations de trois ministres laissant entendre que des entreprises font des dons à leur formation, ce qui est illégal.

Mme Marois a soutenu que ces affirmations, qui se sont succédées au cours des trois derniers mois, nécessitent l'intervention du Directeur général des élections, l'autorité qui veille au respect de la Loi électorale.

«Un lapsus ça va, deux lapsus ça va, trois lapsus ça commence à être inquiétant», a dit la chef de l'opposition officielle, lors d'une conférence de presse à Montréal.

«Nous pensons que c'est inquiétant, ce qui se passe du côté des propos des ministres qui parlent du financement des partis politiques en prétendant à chaque fois qu'on ne peut pas empêcher une entreprise de donner de l'argent.»

Mercredi, alors qu'elle se défendait d'allégations de favoritisme dans l'attribution de contrats publics, la ministre des Transports, Julie Boulet, a contredit la loi en affirmant que les entreprises peuvent faire des dons aux partis politique.

Cette pratique est pourtant interdite depuis une trentaine d'années et seuls les électeurs peuvent effectuer des contributions. Le montant maximal est fixé à 3000 $ annuellement.

L'automne dernier, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, et le ministre délégué aux Transports, Norman MacMillan, avaient eux-aussi affirmé que les partis politiques pouvaient recevoir des dons d'entreprises.

Le DGE a annoncé jeudi que des vérifications seraient effectuées afin de déterminer si une enquête doit être ouverte, à la suite des propos de Mme Boulet.

L'institution avait entamé la même procédure l'automne dernier, concernant les déclarations de Mme Courchesne et M. MacMillan.

Mais Mme Marois s'est montrée insatisfaite, étant donné les irrégularités relevées par le vérificateur général dans l'octroi de contrats, au ministère des Transports, et les allégations de favoritisme dans l'attribution de places en garderies, au ministère de la Famille.

«Le DGE dit qu'il va se pencher sur cette déclaration, moi je crois qu'il faut dépasser le stade de se pencher sur des déclarations et il faut qu'il fasse enquête sur le mode de financement du Parti libéral, a-t-elle dit. Est-ce que, de fait, le financement est lié à des entreprises?»

Au cours des derniers mois, l'opposition péquiste a multiplié les attaques contre le gouvernement, en soutenant que des propriétaires de garderies obtenaient des places subventionnées en retour de contributions au PLQ.

L'Action démocratique du Québec a de son côté allégué à plusieurs occasions, notamment mercredi, que des entreprises administrées par des donateurs à la caisse libérale étaient favorisés dans l'attribution de contrats du ministère des Transports.

Le chef adéquiste Gérard Deltell a affirmé jeudi que la succession de déclarations des trois ministres démontrent que le PLQ est financé par des entreprises.

«C'est quand même des gens d'importance, des gens seniors, qui connaissent la loi et qui la bafouent de façon inopinée (sic) dans leur esprit, a-t-il dit. C'est affreusement décevant.»

M. Deltell s'est indigné de leurs aveux, d'autant plus que M. MacMillan a récemment révélé que chacun des ministres libéraux a pour objectif annuel de récolter 100 000 $ de dons.

«On voit comment ils vont le chercher leur 100 000 $, a-t-il avancé. C'est par les entreprises et ça c'est contraire à l'esprit de la loi et c'est déshonorant.»

M. Deltell n'est cependant pas allé jusqu'à réclamer une enquête sur le financement du PLQ.

Le bureau du DGE a indiqué jeudi que Mme Boulet devra expliquer ses déclarations aux enquêteurs de son service juridique. Selon les informations qui seront recueillies, une enquête pourrait être ouverte.

Les vérifications auprès de Mme Courchesne et de M. MacMillan sont toujours en cours.

Afin de compléter le processus, le DGE attend le dépôt du rapport financier annuel du PLQ, où les noms des contributeurs et les montants reçus sont inscrits, des informations qui seront analysées.