Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, ouvre la porte à des changements dans la façon d'attribuer de nouvelles places subventionnées aux garderies. Après avoir défendu le processus actuel malgré la controverse, il a demandé à l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) et à l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) de lui faire des recommandations en vue de le modifier.

Les représentants des deux associations ont affirmé à La Presse la semaine dernière que l'attribution des places manque de transparence. De son côté, le Parti québécois accuse le gouvernement d'avoir «politisé» le processus, ce qui, selon lui, a permis au gouvernement de favoriser des donateurs libéraux.

«Il y a des choses qui vont peut-être être améliorées, a reconnu Tony Tomassi au cours d'un entretien récent avec La Presse. L'important pour nous est de trouver la façon avec laquelle les gens vont se sentir à l'aise. Et on va aller de l'avant pour ouvrir des places.» Québec doit accorder 15 000 nouvelles places d'ici la fin du mandat.

Tony Tomassi n'a pas voulu préciser les changements qui seraient apportés. Il a seulement évoqué des modifications aux grilles d'analyse utilisées pour évaluer les projets.

«C'est du «work in progress»», a dit le ministre. «Je vais attendre les recommandations» des deux associations, «et on choisira le meilleur moyen pour que les places soient rendues disponibles le plus rapidement possible». M. Tomassi a toutefois rejeté les allégations de favoritisme dans l'attribution de nouvelles places en 2008, sous la direction de celle qui l'a précédé, Michelle Courchesne.

L'AQCPE et l'AGPQ réclament des changements dans le processus afin de le rendre plus transparent et d'éviter tout favoritisme. Elles condamnent la décision du gouvernement Charest d'avoir éliminé la «concertation régionale» qui existait auparavant afin de se réserver la responsabilité de l'attribution des places. Elles veulent que les instances régionales comme les conférences régionales des élus (CRE) sélectionnent les projets et soumettent leurs recommandations à Québec. C'est le processus qui existait avant l'arrivée au pouvoir des libéraux.

Avant 2003, des élus locaux, des représentants de CPE, de garderies privées, de commissions scolaires, de la santé publique -par exemple- siégeaient au sein d'un comité spécial créé par chaque centre régional de développement -les CRD sont devenus les CRE sous les libéraux. Ils étudiaient les projets de garderies en fonction des critères régionaux, mais aussi de critères nationaux définis par le Ministère. Québec attribuait ensuite les places en fonction des recommandations des CRD.

Tony Tomassi n'a pas précisé si ce modèle lui convient. La semaine dernière, sous le couvert de l'anonymat, des représentants de CRE ont plaidé en faveur d'un retour à la «concertation régionale».

Plus de 110 plaintes ont été déposées au ministère de la Famille à la suite de l'appel d'offres fait en 2008. Des promoteurs de garderies privées ou des CPE se plaignent que leur projet n'ait pas été retenu. Certains contestent l'évaluation que le Ministère a faite. D'autres sont mécontents du traitement de leur dossier.

Au cours des dernières semaines, le député péquiste Nicolas Girard a révélé que 1600 places avaient été accordées à 33 garderies privées dont les administrateurs ont versé 134 000 $ au PLQ depuis 2003. La majorité de ces places ont été attribuées à des donateurs qui résident dans La Fontaine -la circonscription de M. Tomassi- et à Laval -la région dont la ministre Michelle Courchesne est responsable, a-t-il ajouté. Plusieurs des projets avaient pourtant obtenus de mauvaises notes de la part du Ministère.

Québec a accordé 18 000 nouvelles places à des CPE et des garderies privées en 2008. Il a retenu 487 des 2000 projets déposés.