Pour résoudre la crise des finances publiques, le Québec doit se doter d'un plan de création de la richesse et d'une stratégie de remboursement de la dette, estime l'Action démocratique du Québec.

Ces propositions figurent parmi les «cinq devoirs» soumis au gouvernement Charest, lundi, par le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, en prévision du dépôt du budget du Québec, plus tard ce mois-ci.

En conférence de presse à Québec, M. Deltell a plaidé pour que le gouvernement facilite la vie des entreprises en allégeant la bureaucratie et en investissant massivement dans la recherche et le développement.

«Je rencontre beaucoup de gens d'affaires, des entrepreneurs, les chambres de commerce. Ils nous le disent qu'il existe un charivari incroyable de programmes pour tenter de les aider mais que finalement, on leur nuit peut-être plus qu'autre chose. Faisons un ménage là-dedans et misons davantage sur la recherche et le développement et la formation du personnel», a dit M. Deltell, aux côté du porte-parole adéquiste en matière de finances, François Bonnardel.

Citant une analyse du ministère des Finances, le chef de l'ADQ a dit trouver «honteux» que le Québec soit la cinquième nation la plus endettée du monde industrialisé.

«Il est absolument honteux de constater que le déficit zéro n'a jamais existé, que le Fonds des générations est devenu une gouffre financier. Bref, il y a urgence d'agir, il y a nécessité de prendre des décisions qui ne sont pas faciles, qui devront demander beaucoup de courage, mais des décisions nécessaires», a poursuivi M. Deltell.

En outre, l'ADQ voudrait que le Fonds des générations soit supprimé aux profits d'un remboursement direct de la dette publique.

Il faut «adopter un vrai plan de remboursement de la dette», a insisté M. Bonnardel, pour qui le Fonds des générations créé il y a trois ans s'avère un fiasco financier.

«Ce Fonds dans lequel près de deux milliards $ ont été investis (a perdu) 336 millions $. 22 pour cent de pertes (...) C'est un colisée, ce 336 millions $, là. C'est un colisée au Québec qu'on a perdu sur trois ans», a dénoncé le député de Shefford.

Le deuxième parti d'opposition à l'Assemblée nationale croit qu'il est possible de dégager une marge d'environ un milliard $, grâce à une révision en profondeur des programmes publics et avec une réduction importante du nombre de structures dans le réseau de la santé.

Quels sont les organismes publics qui devraient disparaître pour limiter les dépenses? Sur cette question, l'ADQ est peu loquace.

M. Bonnardel se contente de suggérer le Centre de recherche industrielle de Montréal, dont l'abolition ferait faire une économie de 9 millions $ à l'État.

Néanmoins, une fois réalisée la grande mise à jour des dépenses publiques, le Québec sera en mesure d'alléger le fardeau fiscal des familles et de la classe moyenne, prédit l'ADQ.

Loin d'être impressionné par les propositions de son ancien parti, le député dissident Éric Caire soutient que l'Action démocratique retombe dans les vieilles ornières en lançant des formules racoleuses qui ne résistent pas à l'analyse.

«On va combler le déficit, dont il faudra couper. On va freiner la croissance des dépenses, donc il faudra couper. Et on va consentir en plus des baisses d'impôts. Comment on va faire ça? Pas un mot. On retombe dans nos vieux péchés», a dit l'ancien candidat à la succession de Mario Dumont, qui siège désormais comme indépendant.