Le Parti québécois demande au gouvernement Charest d'adopter une «directive claire» visant à interdire le port du voile intégral dans les cours de français langue seconde et dans toutes les institutions scolaires.

En entrevue à La Presse, hier, la porte-parole du PQ en matière de condition féminine, Carole Poirier, a appuyé la décision d'expulser d'un cours de français destiné aux immigrés une femme d'origine égyptienne qui refusait d'enlever son niqab. Mais la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, ne devrait pas, selon elle, intervenir «au cas par cas» comme elle le fait à l'heure actuelle.

«Pourquoi la ministre a-t-elle dû intervenir? C'est parce qu'il n'y a pas de balises» définies par le gouvernement en matière d'accommodements, a-t-elle dit. La députée d'Hochelaga-Maisonneuve a fait valoir que son parti réclame depuis des mois que le gouvernement fixe des balises afin de guider les dirigeants d'organisme et les décideurs publics.

«Je pense que, s'il y avait des balises claires disant que, dans les institutions d'éducation, il n'y a personne qui porte le voile intégral pour suivre un cours, ça réglerait la question», a-t-elle lancé.

Le PQ ne va pas jusqu'à exiger l'interdiction du voile intégral - qui ne laisse paraître que les yeux - dans la rue et les autres lieux publics. «On ne peut pas à cause de la Charte canadienne» des droits et libertés, a dit Carole Poirier. La formation de Pauline Marois enverra toutefois un «message fort» au cours des prochaines semaines afin d'indiquer que le voile intégral est «inacceptable» au Québec.

La leader parlementaire de l'ADQ, Sylvie Roy, salue la décision de la ministre Yolande James mais, comme le PQ, elle lui reproche de n'avoir défini aucune balise pour guider les décideurs publics. Le parti de Gérard Deltell demande lui aussi l'interdiction du niqab et de la burqa dans les cours de français destinés aux immigrés. «C'est un cours d'intégration. Il faut que la personne fasse un effort pour s'intégrer», a expliqué Mme Roy.

Contrairement au PQ et à l'ADQ, Québec solidaire appuie sans réserve l'attitude de la ministre Yolande James et du cégep Saint-Laurent. «C'est comme ça qu'il faut agir, a lancé le député Amir Khadir. L'école ou n'importe quelle institution doit voir ce qui peut être raisonnablement fait pour répondre à une demande qui doit être de bonne foi. Il y a eu un certain nombre de choses qui ont été faites de la part du cégep, et ça démontre de sa part un minimum d'efforts pour accommoder. Si, au bout de l'exercice, on n'arrive pas à s'entendre, c'est regrettable, ça doit se terminer là.»

Interdire le port du voile intégral dans les cours de français, ce serait «barrer la route à quelques-unes de ces femmes voilées qui veulent s'en sortir», a-t-il ajouté. «Si la femme va dans la classe et qu'elle lève un peu le voile pour prononcer les mots, eh bien ! tant mieux. Si vous lui interdisez au départ de porter son voile, vous enlevez même cette chance.»