Après deux semaines de relâche, le retour en Chambre des députés mardi à Québec sera l'occasion pour le Parti québécois de forcer la main du gouvernement Charest sur les enjeux identitaires.

La défense de la langue française et l'affirmation de l'identité nationale occuperont une grande place dans les débats à la reprise des travaux parlementaires, a soutenu la chef péquiste Pauline Marois, lundi.

La leader souverainiste va notamment faire pression sur le gouvernement pour qu'il prenne les moyens nécessaires afin d'empêcher les parents francophones et immigrants «d'acheter» pour leurs enfants le droit de fréquenter le réseau scolaire anglophone.

Quitte à suspendre des dispositions de la Charte canadienne des droits, Québec doit sceller le sort des écoles dites «passerelles», a fait valoir Mme Marois en entrevue à La Presse Canadienne.

«Prenons les grands moyens, quitte à recourir à la clause dérogatoire», a-t-elle lancé.

Le Parti québécois partage en tous points l'avis du Conseil supérieur de la langue française (CSLF), qui recommande au gouvernement d'étendre l'application de la loi 101 aux écoles privées non subventionnées.

Le PQ espère ainsi en finir avec les écoles passerelles, ces établissements qui accueillent des enfants de parents fortunés, le temps requis qu'il faut pour les rendre admissibles au réseau scolaire anglophone.

Sur l'épineux dossier de l'identité, l'opposition péquiste va revenir à la charge avec sa proposition d'adopter une charte de la laïcité.

La récente controverse entourant le cas d'une femme portant dans une classe de français le niqab - un voile intégral ne laissant apercevoir que les yeux - renforce, selon Mme Marois, la nécessité d'affirmer le caractère laïque de l'Etat québécois.

«Est-ce qu'on doit porter des signes (religieux) ostensibles dans la fonction publique? Nous, nous pensons que non. Il faut envoyer le message que notre Etat est un Etat laïque qui ne fait pas la promotion d'une religion ou d'une autre», a dit la chef du PQ.

Avec une seule question par séance, l'Action démocratique du Québec aura, pour sa part, bien peu de temps de glace pour espérer se faire valoir d'ici à l'ajournement des travaux au mois de juin.

Le deuxième parti d'opposition à l'Assemblée nationale souhaite néanmoins se faire entendre sur trois points précis: l'assainissement des finances publiques, la nécessité d'une enquête publique dans l'industrie de la construction et l'attente dans le réseau de la santé.

La mort récente d'un patient en attente d'une chirurgie cardiaque montre à quel point le gouvernement Charest a failli à la tâche, s'est insurgée la leader parlementaire de l'ADQ, Sylvie Roy.

«J'ai trouvé épouvantable d'entendre M. Bolduc nous dire que ça prendra cinq ans pour stabiliser les urgences. En 2003, ils (les libéraux) nous disaient: c'est fini l'attente dans la santé, on a la solution. De 2003 à 2015, c'est 12 ans et ils n'ont pas encore la solution», a-t-elle fulminé.

De l'avis de Mme Roy, le ministre Yves Bolduc, de la Santé, a largement fait la démonstration de son impuissance à influencer le cours des choses. Conséquemment, d'après elle, le premier ministre Jean Charest n'a d'autre choix que d'assumer personnellement le dossier de la santé.

Le ministre Bolduc «fait perdre confiance aux Québécois envers le réseau de la santé. Il n'a pas la poigne nécessaire pour affronter la grosse machine de la santé. J'interpelle le premier ministre pour qu'il prenne la situation en main», a-t-elle dit.

En faveur de compressions massives dans les dépenses de l'Etat, l'ADQ tentera également de convaincre le ministre des Finances, Raymond Bachand, d'emboîter le pas au gouvernement fédéral dans le budget qu'il déposera plus tard ce mois-ci.

«On a vu que le gouvernement fédéral a réussi à diminuer ses dépenses. On espère que le gouvernement provincial va être capable aussi, il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas capable de le faire. Ce sera la ligne directrice de la session», a dit la députée de Lotbinière.