Vingt-quatre heures après avoir justifié le fait que des garderies subventionnées se donnent une vocation religieuse, le ministre de la Famille, Tony Tomassi, a fait volte-face mercredi. «Dorénavant, l'enseignement de la religion ne sera plus accepté dans le réseau de services de garde subventionnés», a-t-il affirmé en conférence de presse.

Au moins une vingtaine de CPE et de garderies privées à 7$ enseignent la religion aux tout-petits, selon des vérifications en cours au ministère de la Famille. Tony Tomassi a reconnu que l'enseignement de la religion «n'est pas illégal» dans les services de garde. Le Ministère a une série d'exigences au sujet du programme éducatif que doit adopter toute garderie, mais aucune balise n'existe en matière d'enseignement religieux.Les choses vont changer à la suite du tollé soulevé par des révélations sur l'existence de garderies à vocation religieuse. Des fonctionnaires du Ministère rencontreront les gestionnaires de ces établissements pour que la religion en soit bannie.

Tony Tomassi veut également interdire à tout CPE et à toute garderie privée subventionnée de sélectionner les enfants sur la base de leur religion plutôt qu'en fonction de leur rang sur la liste d'attente.

L'interdiction d'enseigner la religion pourrait être consacrée dans un règlement ministériel. Le ministre tenait un tout autre discours la veille.

Il jugeait acceptable que des garderies subventionnées enseignent la religion, comme l'islam et le judaïsme, puisqu'elles sont «la continuité du milieu familial».

Tony Tomassi a indiqué que l'Oasis Bout'chou de Laval n'initie pas les enfants à l'islam, même si elle est gérée par une association islamique. Il s'est toutefois dit préoccupé par les cas de Beth Rivkah, une garderie dirigée par le rabbin ultra-orthodoxe Yosef Minkowitz, et de Maïmonide, qui offre une «initiation aux rituels juifs séfarades».

Tempête

Cette affaire a provoqué un débat enflammé à l'Assemblée nationale. Après que le député péquiste Nicolas Girard eut posé une question sur les garderies à vocation religieuse, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, l'a traité, à micro fermé, de «raciste» - le même qualificatif a déjà été utilisé à son endroit par M. Tomassi.

Le député de Gouin a demandé à Christine St-Pierre de s'excuser. «C'est la deuxième fois qu'on tient de tels propos à mon endroit. Le gouvernement est à court d'arguments et a choisi la voie de l'insulte», a-t-il dit. Mme St-Pierre a fait savoir, par l'intermédiaire de son attachée de presse, qu'elle s'est «emportée dans le feu de l'action de la période des questions» et «regrette ses propos».