Tout en exhortant Marc Bellemare à vider son sac et à «arrêter de niaiser», le gouvernement libéral a refusé mercredi que l'ancien ministre de la Justice puisse dire en commission parlementaire ce qu'il sait du financement du Parti libéral du Québec.

En fin de journée, mercredi, la majorité libérale a battu la motion adéquiste qui demandait à M. Bellemare de comparaître devant la commission de l'administration publique, où il bénéficierait de l'immunité parlementaire.L'ancien ministre, qui a maintenu que le premier ministre Charest mentait quand il a soutenu n'avoir jamais entendu parler d'irrégularités dans le financement de son parti, est attendu par le directeur général des élections (DGE) demain matin, à ses bureaux de Québec où il doit confidentiellement s'entretenir avec un enquêteur.

S'il n'obtempère pas, l'ancien procureur général risque de se rendre coupable d'outrage au tribunal. L'avocat de Québec n'a pas répondu aux nombreux appels de La Presse.

Mercredi, la porte-parole du DGE, Cynthia Gagnon a souligné que M. Bellemare n'avait pas formellement répondu à la sommation. «On va voir s'il est là vendredi, a-t-elle dit. Ce qu'il a dit dans différents médias quant à ses intentions est plutôt confus.»

À l'Assemblée nationale, le premier ministre Charest a paru exaspéré par cette controverse. Si M. Bellemare tient à ce que son témoignage soit public, «qu'il sorte de son... Qu'il sorte là où il veut sortir, s'il veut parler publiquement, qu'il le fasse. Il dit qu'il a des preuves, des dates, des endroits... Qu'il rende publique cette information-là», a lancé M. Charest quelques heures avant que la majorité libérale ne vote contre la comparution de l'ancien ministre en commission parlementaire.

«S'il y a des preuves, des dates, puis des lieux, qu'est-ce qu'il y a de compromettant à ce qu'il rende publique cette information? a lancé M. Charest. Qu'est-ce qui l'empêche? Qu'est-ce qui l'arrête?» Clairement irrité, il a souligné qu'il ignore même ce que son ancien ministre lui reproche. En renfort, le leader parlementaire, Jacques Dupuis, a voulu rendre la monnaie de sa pièce à l'ADQ en rappelant que l'éphémère chef Gilles Taillon s'était rendu voir la Sûreté du Québec pour faire des déclarations sur le financement du jeune parti.

Pauline Marois a pour sa part de nouveau réclamé une commission d'enquête indépendante sur la construction: «Si le premier ministre n'a rien à se reprocher, pourquoi refuse-t-il une enquête? Pourquoi refuse-t-il que Me Bellemare puisse témoigner à visière levée et profiter de l'immunité?»