L'État fera 62% de l'effort pour trouver les 11 milliards de dollars nécessaires au retour à l'équilibre budgétaire, se targue le gouvernement Charest. Ce sera surtout en accordant des hausses salariales limitées à ses employés.

Autrement, Québec freine un peu plus que prévu la croissance de ses dépenses et annonce quelques mesures, comme l'abolition de petits organismes, dont les effets auront un impact limité, selon les hauts fonctionnaires.

 

«Le gouvernement a fait le ménage dans sa propre cour», a lancé hier la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay. Néanmoins, «nous avons écarté les gestes drastiques, les grands coups de balai».

Au lendemain d'une rencontre avec les chefs syndicaux qui a permis de relancer les négociations, Québec a annoncé hier son intention de ne rien changer à son offre d'une hausse de la masse salariale de 7% en cinq ans.

Les syndiqués doivent se compter chanceux, s'il faut en croire Monique Gagnon-Tremblay, puisque le gouvernement «maintient son offre malgré» la décision de limiter un peu plus la croissance des dépenses. Les syndicats ne désespèrent pas de faire plier le gouvernement à la table de négociations.

Au chapitre des salaires seulement, les augmentations seront de 5%: 0,5% cette année, 0,75% l'an prochain, 1% en 2012-2013, 1,25% en 2013-2014, et 1,5% en 2014-2015. Les hausses pourraient être plus importantes au cours des deux dernières années si la croissance du PIB est plus élevée que prévu.

Avec ces hausses limitées, Québec dit récupérer 2,7 milliards à terme. Les cadres de la fonction publique toucheront les mêmes augmentations salariales que les syndiqués, a annoncé Mme Gagnon-Tremblay. Selon un haut fonctionnaire, il en a toujours été ainsi en général. Environ 11 000 cadres travaillent dans le réseau de la santé; 2000 dans les cégeps et les commissions scolaires.

Québec entend geler la masse salariale de la fonction publique (3,5 milliards) jusqu'en 2013-2014, notamment en continuant de ne remplacer qu'un salarié sur deux qui partent à la retraite. Le hic, c'est que, en dépit de cette politique, il y a 424 fonctionnaires de plus cette année pour un effectif total de 71 813 personnes. Nouveauté: la politique s'appliquera également au personnel administratif, dont les cadres des réseaux de la santé et de l'éducation, ce qui fait rager les syndicats. Au total, 600 des 1200 personnes qui prendront leur retraite cette année dans ces réseaux ne seront pas remplacées.

Geste symbolique

Dans un geste surtout symbolique, Québec gèle pendant deux ans les salaires du premier ministre, des ministres et des députés. Les primes au rendement seront également gelées dans les deux prochaines années pour les hauts dirigeants des secteurs public et parapublic, des organismes gouvernementaux et des sociétés d'État.

Québec limite la croissance de ses dépenses à 3,2% cette année comme prévu. Mais il fait un effort additionnel en la fixant à 2,8% pour les années à venir, jusqu'en 2013-2014, année où il s'est engagé à retrouver l'équilibre budgétaire.

L'augmentation des dépenses atteindra près de 1,8 milliard cette année. Le budget de la santé augmente de 5%, celui de l'Éducation, de 2,2% - ce qui couvre à peine la hausse des coûts de système dans les deux réseaux. Le budget des Transports bondit de 9,4%, celui de la Famille, de 5,4%. Les dépenses dans les autres ministères diminuent de 0,9% en moyenne cette année.

Comme la croissance des dépenses a été de 4,8% en moyenne au cours des dernières années, Québec calcule que l'augmentation limitée pour les années à venir lui permet de dégager 1,8 milliard.

Des mesures totalisant 350 millions de dollars restent à déterminer pour que le plan de retour à l'équilibre budgétaire tienne la route.