La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, reconnaît ne pas avoir le pouvoir d'imposer la suspension du versement des primes au rendement dans les sept sociétés d'État à vocation commerciale et financière, comme Hydro-Québec et la SAAQ. Elle admet également que la fusion et l'abolition de 28 organismes entraîneront des économies limitées.

Dans le budget Bachand déposé mardi, le gouvernement Charest a annoncé la fin des primes au rendement sur une période de deux ans aux hauts dirigeants de la fonction publique, au personnel des cabinets, aux dirigeants d'organismes comme les hôpitaux, les écoles, les cégeps et les universités.

 

Règle différente

La règle n'est pas exactement la même dans le cas des sociétés d'État à vocation commerciale et financière, c'est-à-dire Hydro-Québec, la Société des alcools, Loto-Québec, la Société de l'assurance automobile, la Caisse de dépôt et placement, la Société générale de financement et Investissement-Québec. «Des dispositions particulières sont prévues afin que leur effort soit comparable à celui du reste du secteur public», peut-on lire dans un document budgétaire portant sur les dépenses publiques. Ces «dispositions» sont inconnues. Et selon les explications des ministres, aucune règle ne peut être imposée.

Lors d'un débat en Chambre sur le budget, hier, Monique Gagnon-Tremblay a affirmé: «Compte tenu de la Loi sur la gouvernance que le gouvernement s'est donnée, je ne peux pas, demain matin, faire ça», suspendre les primes. Ce sont les conseils d'administration de ces sociétés d'État qui prennent les décisions en matière de bonus. «Je n'ai pas le plein contrôle», a ajouté Mme Gagnon-Tremblay. Elle a ensuite indiqué que les dirigeants de ces sociétés d'État seront invités à faire un «effort équivalent» à ceux des autres organismes publics.

Bachand confiant

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, responsable de plusieurs sociétés d'État, se dit confiant que les conseils d'administration tiennent compte des voeux du gouvernement. Son collègue du Développement économique, Clément Gignac, les appelle à «faire preuve de retenue» dans l'attribution des primes.

La semaine dernière, le gouvernement Charest avait condamné les bonus généreux accordés aux dirigeants de la SAAQ, mais il avait reconnu son impuissance à imposer une directive en la matière. Le budget Bachand n'a rien changé à la situation.

Abolition et fusion d'organismes

Dans son budget, Québec a également souligné à gros traits que 28 fonds ou organismes publics seront fusionnés ou abolis, comme l'Agence de la sécurité énergétique, mais aussi le Fonds de l'industrie des courses de chevaux dont la fin était déjà annoncée. Le gouvernement ne fera pas de grandes économies, mais «toutes les économies sont importantes», a reconnu à La Presse Monique Gagnon-Tremblay. Combien d'argent sera épargné? «Je n'ai pas voulu le calculer car je ne suis pas capable. (...) Si je dis un chiffre maintenant, dans un an, on va me dire: «Ha, vous aviez dit ça...» Mais chose certaine, c'est sûr que ça va aider à la gestion et à l'administration: il va y avoir moins de rapports annuels, moins de conseils d'administration.» Notons que les activités des organismes seront dirigées vers les ministères tout comme les employés protégés par la sécurité d'emploi.

La présidente du Conseil permanent de la jeunesse, Geneviève Dallaire, et celle du Conseil de la famille et de l'enfance, Marie Rhéaume, se sont dites «en état de choc» après avoir appris l'abolition de leur organisme mardi.