Le Québec est accusé «d'hypocrisie» par plus d'une centaine de scientifiques de partout à travers le monde qui demandent à la province de cesser ses exportations d'amiante.

Le groupe, composé de représentants de 28 pays différents, a signé une lettre publiée dans le dernier numéro du International Journal of Occupational Environmental Health.

Les auteurs de la missive soutiennent que la province a continué à exporter la substance cancérigène dans des pays en développement même si elle a entrepris de l'éliminer dans les résidences et les bâtiments sur son territoire. Une attitude qui semble dénoter, selon eux, une grande hypocrisie.

Ils demandent à M. Charest d'arrêter les exportations et de gérer ce qu'ils appellent l'épidémie de maladies liées à l'amiante provoquée par le Québec. Ils veulent aussi que le premier ministre aide les mineurs de l'amiante à se trouver un autre emploi et qu'il cesse de financer l'Institut du chrysotile, qui plaide en faveur de l'utilisation sécuritaire de certaines formes d'amiante.

Pour sa part, l'Institut n'a pas fait grand cas de la lettre, soutenant qu'il fallait faire d'autres recherches. «Les pétitions ne résoudront pas les problèmes dont ils parlent, a déclaré Clément Godbout, président de l'organisation montréalaise. C'est la science qui doit décider de l'avenir de l'amiante.»

La mine d'amiante de Thetford Mines, située à environ 200 kilomètres à l'est de Montréal, est la seule du genre encore active au Canada. Elle emploie quelque 400 personnes.

L'industrie de l'amiante du Québec défend férocement l'amiante québécois - aussi appelé chrysotile - qu'elle estime parfaitement sécuritaire pour peu que certaines précautions soient prises.

Jean Charest est un ardent défenseur de cette industrie même s'il essaie aussi de se présenter comme un champion de l'environnement. Plus tôt cette année, il a rejeté la proposition de l'opposition péquiste visant à créer une commission parlementaire pour enquêter sur les dangers liés à l'exportation de l'amiante dans le tiers-monde.

En 2008, l'industrie canadienne de l'amiante, qui vaut 100 000 millions $, a exporté 175 000 tonnes de chrysotile principalement dans des pays en voie de développement.