Le Québec est dirigé par un gouvernement clandestin formé de bailleurs de fonds du parti libéral tapis dans l'ombre, avance l'opposition péquiste.

Les révélations fracassantes de l'ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare, sur des cas présumés de trafic d'influence et d'échanges d'argent comptant au profit du Parti libéral du Québec (PLQ) ont à nouveau enflammé les débats, mercredi, à l'Assemblée nationale.

Le Parti québécois a allégué que le PLQ avait profité de dizaines de milliers de dollars en espèces provenant de collecteurs de fonds très influents.

La députée péquiste, Agnès Maltais, a notamment cité la source anonyme qui a prétendue à Radio-Canada avoir été témoin de la remise par un collecteur de fonds lié à l'industrie de la construction d'une liasse de billets «de trois à quatre centimètres» d'épaisseur à un permanent du parti.

«Quatre centimètres d'argent comptant, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent en liquide», a lancé Mme Maltais, évoquant un montant de 30 000 $.

«Pourquoi autant d'argent au lieu de donner des chèques, pour quels services rendus, dans quelle intention? Voilà la question à laquelle on veut des réponses», a-t-elle soulevé.

Selon la députée de Taschereau, les collecteurs de fonds du PLQ en mènent tellement large dans les affaires de l'État qu'ils forment en quelque sorte un gouvernement parallèle occulte.

En versant au parti de généreuses sommes d'argent comptant, ils s'assurent d'influer sur les nominations aux postes les plus importants de l'administration publique, comme ceux de la magistrature.

«Quand le premier ministre demandera-t-il une enquête sur le vrai sujet, c'est-à-dire l'existence d'allégations au sujet d'un gouvernement clandestin», a dit Mme Maltais.

Non seulement «le PQ s'associe totalement à Marc Bellemare», mais il prête foi aux affirmations du «club des anonymes», a rétorqué le premier ministre Jean Charest.

«C'est ça la crédibilité des informations? Évidemment, ces affaires-là sont fausses», a-t-il poursuivi.

La chef de l'opposition, Pauline Marois, n'a pas manqué de saisir la balle au bond.

«Le premier ministre prétend que les allégations de M. Bellemare sont fausses, donc, il déclenche une enquête (sur le processus de nomination des juges). Est-ce qu'on doit conclure que s'il n'y a pas d'enquête sur le financement du Parti libéral, c'est parce que les allégations sont vraies?», a-t-elle ironisé, suscitant l'hilarité dans les banquettes de l'opposition.

Le député Bernard Drainville a par la suite continué l'offensive en soulevant des questions sur l'influence exercée par l'entrepreneur en construction Franco Fava, un important collecteur de fonds libéral.

«Trois cent mille à quatre cent mille dollars, ça doit être ça qui donne le droit à M. Fava d'influencer les nominations au gouvernement ou de pistonner la candidature du secrétaire général du gouvernement. C'est ce qui s'appelle le 'favaritisme'», a-t-il déclaré d'un ton narquois.

Pour le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, l'opposition péquiste mène une campagne de «salissage de réputation» basée sur une source «très, très, très anonyme» et du «très, très, très ouï-dire».

Il a rappelé que le premier ministre avait pris les mesures requises en annonçant la tenue d'une enquête publique sur la nomination des juges. Quant à lui, le Directeur général des élections (DGE) fait enquête sur le financement des partis politiques, a-t-il ajouté.