Le gouvernement doit combattre la perception des électeurs qui ne croient pas que l'administration publique est prête à faire des efforts aussi douloureux que ceux demandés aux contribuables dans le dernier budget. C'est pourquoi le gouvernement Charest se réunit aujourd'hui, exceptionnellement un dimanche, pour faire le point sur les compressions à venir de 5,2 milliards de coupures sur les trois prochaines années.

Une manifestation de plus de 50 000 personnes devant le Parlement, il y a deux semaines a passé un message clair au gouvernement Charest, a dit la vice-première ministre Nathalie Normandeau. «On a compris le message. Cinquante mille personnes, cela n'arrive pas à tous les jours. Les gens sont fatigués de voir qu'il y a du gaspillage dans l'appareil gouvernemental, il y a certainement des dédoublements où on peut faire des économies. Aussi, les contribuables disent: "Avant de venir piger dans notre poche, faites le ménage dans vos affaires"... et c'est ce qu'on s'emploie à faire», a dit Mme Normandeau.

Pour le ministre des Finances Raymond Bachand, «la population est sceptique sur le fait que 62% des économies viendront du gouvernement», et la réunion de dimanche n'est pas, en dépit des accusations de l'opposition, une opération de marketing a-t-il indiqué. «Ils vont le croire quand ils verront les chiffres sur six ou 12 mois. D'ici là, je les comprends d'être sceptiques, on ne pose pas de geste spectaculaire... il n'y a pas 20 000 mises à la retraite d'un coup sec» soutient l'argentier du gouvernement Charest.

Pas moins de 18 ministères seront frappés d'un gel des budgets, «à zéro» pendant trois ans, «c'est majeur, mais cela ne fait malheureusement que les dernières lignes des articles», a insisté M. Bachand à son arrivée à la réunion spéciale du conseil des ministres convoquée exceptionnellement un dimanche. Pour lui, comme pour ses collègues, les dossiers réguliers du gouvernement accaparent l'essentiel de l'ordre du jour du conseil des ministres chaque semaine. Pour vider une question de fonds comme celle des compressions de dépenses, il faut disposer de quelques heures en privé. «Dans une entreprise quand tu as une opération de six milliards (de compressions sur trois ans) tu prends le temps de réunir les vice-présidents pour voir comment on met ça en oeuvre», a expliqué M. Bachand.

Tous les ministres avaient clairement eu comme consigne d'adopter une tenue plus décontractée, pour cette réunion spéciale, un dimanche. Même Jean Charest est arrivé en jeans pour cette réunion qui doit se prolonger jusqu'en milieu d'après-midi.

Selon Line Beauchamp, responsable de l'Environnement, «je ne peux pas penser qu'on va nous reprocher de travailler un dimanche, il faut prendre le temps de faire les choses». «Il ne faut pas y aller à la tronçonneuse comme l'opposition invite souvent à le faire», a-t-elle dit avant d'entrer à la réunion.

Pour le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, la réunion de dimanche vise à «regarder chacune de dépenses pour voir ce qui peut être coupé».

«Il est important de voir quelles sont les décisions qu'on peut prendre. Le message est très clair, c'en est un de rigueur. Les gens comprennent que cela peut être difficile quand on a des programmes importants, il faut cibler les bonnes choses», a-t-il souligné.

Pour Clément Gignac, l'aide aux entreprises sera scrutée dans la démarche des réévaluations des dépenses. Il y a des programmes qui étaient nécessaires pour «passer à travers la tempête, et tout le monde s'entend pour dire que le gros de la récession est derrière nous, le crédit est maintenant un peu plus facile (à obtenir)», observe le ministre du Développement économique. «C'est évident que certains programmes, comme Renfort, ne seront pas renouvelés» a-t-il prévenu.

Chaque année Québec consent trois milliards $ en aide aux entreprises, dont deux viennent d'abattements fiscaux, «on doit revoir ce qui se fait pour les entreprises, les particuliers font leur juste part, les compagnies doivent faire de même», a résumé M. Gignac.