Jocelyn Turcotte, responsable des affaires policières au cabinet de Jacques Dupuis, a passé un coup de fil à la Sûreté du Québec au sujet de la demande de permis de port d'arme de Luigi Coretti, le patron de l'agence BCIA.

Cette information, que La Presse a obtenue de sources policières, contredit la version du ministre Dupuis, qui avait soutenu la semaine dernière qu'il avait reçu M. Coretti à son bureau de circonscription, qu'il avait demandé à M. Turcotte de le rencontrer par la suite et qu'il n'y avait eu «aucune représentation». 

La Presse a révélé la semaine dernière que M. Dupuis avait rencontré M. Coretti en 2008 à la demande du député de LaFontaine, Tony Tomassi. M. Tomassi a démissionné du cabinet la semaine dernière pour avoir utilisé, à l'époque où il était député, une carte de crédit prêtée par l'agence BCIA, aujourd'hui au bord de la faillite.

Pas de pression, assure la SQ

Des sources à la SQ assurent qu'il n'y a pas eu de pression «d'en haut» sur la division qui délivre les permis de port d'arme, dirigée par l'inspecteur Yves Massé. La SQ avait dans un premier temps rejeté la requête de M. Coretti. Il soutenait qu'il avait besoin d'une arme parce qu'il faisait régulièrement du transport de valeurs pour Centurion, une division de son agence de sécurité.

Son avocat, Me Steve Whitter, a étayé le dossier et démontré que c'était le cas, et des autorisations mensuelles, renouvelables, ont été délivrées, puis remplacées par une autorisation en bonne et due forme. D'anciens employés expliquent toutefois que M. Coretti portait quotidiennement son arme, même quand il ne faisait pas de transport de valeurs.

De passage à Trois-Rivières, hier, le premier ministre Charest s'est porté à la défense du ministre Dupuis et s'est dit parfaitement rassuré par ses explications.

Le week-end dernier, le Parti québécois et l'Action démocratique avaient fait leur beurre de cette affaire et fait planer des soupçons sur le ministre et son entourage immédiat.

M. Dupuis a «donné des réponses très claires» sur le fait qu'il n'y a eu aucune pression politique ni de sa part ni de son cabinet en faveur de M. Coretti, a fait valoir le premier ministre lors d'un court point de presse.

Déplacements remboursés

Le député indépendant Éric Caire compte bien réclamer des comptes sur les façons de faire à l'Assemblée nationale. Pour la première fois depuis des décennies, les crédits budgétaires de l'Assemblée seront discutés en commission parlementaire - habituellement, ces crédits sont balayés sous le tapis d'un commun accord des deux principaux partis à l'Assemblée.

Rappelons que le ministre Tomassi, qui siégera désormais comme député indépendant, faisait payer son essence par la firme BCIA alors qu'il avait droit au remboursement de ses frais de déplacement par l'Assemblée nationale.

Chaque député a droit au transport aller-retour entre le Parlement et son bureau de circonscription 60 fois par année. Pour un député de Montréal, à 45 cents le kilomètre, on parle d'un remboursement d'environ 13 000 $ par année. L'élu n'a pas à donner de factures, il n'a qu'à démontrer qu'il se trouvait à Québec - une déclaration à l'Assemblée nationale remplace un reçu.

Par ailleurs, la Société de l'assurance automobile du Québec a précisé hier que le contrat de 2,4 millions qui la lie à BCIA a été accordé à la suite d'un appel d'offres. Le mandat de surveillance des bureaux de la SAAQ à Montréal et dans l'ouest du Québec doit durer jusqu'en octobre 2018. «La société respecte sa partie du contrat», a affirmé le porte-parole Gino Desrosiers.

La firme, au bord de la faillite, ne paie plus ses agents. «Si elle ne respecte pas le contrat, on devra se tourner vers quelqu'un d'autre», a résumé la SAAQ. Du côté du ministère de la Sécurité publique, on n'a pas rappelé La Presse au sujet du contrat de 1,6 million pour la sécurité des détenus hospitalisés.

- Avec La Presse Canadienne