Pauline Marois n'hésitera pas à défaire le gouvernement Charest, si jamais l'occasion se présente.

Le scénario demeure très hypothétique, compte tenu que le gouvernement est majoritaire, mais il reste que sa majorité est fragile, ce qui n'est pas passé inaperçu dans le camp péquiste. «S'il se met dans une telle situation de fragilité, je ne vais pas hésiter une seconde», a-t-elle dit, dimanche, en point de presse, en marge d'un colloque de deux jours du Parti québécois portant sur les politiques sociales.

Du même souffle, elle justifiait sa position en jugeant que «nous avons un mauvais gouvernement, qui est empêtré dans des affaires d'éthique, de corruption, et qu'il devrait céder sa place».

Selon ce scénario, il faudrait que l'opposition officielle s'associe aux autres députés d'opposition et profite d'une situation où le gouvernement n'aurait pas le nombre nécessaire de députés en Chambre, au moment de votes cruciaux.

Avec l'éviction récente de Tony Tomassi du cabinet et du caucus libéral, les libéraux ont désormais 66 sièges, contre 50 aux péquistes, quatre à l'ADQ et un à Québec solidaire. Trois députés sont indépendants et un siège est vacant, celui de Vachon, acquis au PQ et qui doit être comblé d'ici l'été.

La situation des libéraux est rendue encore plus fragile par le fait que deux députés libéraux, le président de l'Assemblée nationale, Yvon Vallières, et la vice-présidente, Fatima Houda-Pépin, ne votent pas, et que le ministre Claude Béchard est en congé de maladie prolongé.

Devant ses militants, Mme Marois a dit dimanche que le but de l'opposition officielle était clairement de se débarrasser du gouvernement, «dès que nous le pourrons».

Elle a accusé les libéraux de Jean Charest de «détournement de nos plus beaux idéaux vers le coffre-fort de leur parti».

Mais malgré la multiplication des attaques virulentes menées contre le gouvernement, considéré comme corrompu, Mme Marois ne va pas jusqu'à demander un scrutin anticipé.

«Nous y réfléchirons au fur et à mesure qu'on verra les événements se dérouler», a-t-elle dit.

Pendant ce temps, rêvant d'accéder au pouvoir peut-être plus tôt que prévu, le Parti québécois poursuit sa démarche visant à réécrire son  programme à temps pour le prochain rendez-vous électoral.

Durant le week-end, après deux jours de débats, les militants du PQ ont choisi de ne pas trop retoucher le visage social-démocrate de leur parti, ce qui a semblé plaire à leur chef.

Pour l'essentiel, il n'est donc pas question de remettre en cause les programmes sociaux ou de sabrer dans le panier de services en santé, sous prétexte que les finances publiques sont en piteux état.

«Je ne souhaite pas que l'on revienne sur cette question», a tranché Mme Marois, en prévision du congrès national du parti, au cours duquel sera adopté le prochain programme péquiste.

Mme Marois a dit qu'en matière de santé et services sociaux, il fallait revoir les structures en place, pour les rendre plus efficaces, et non pas réduire les services offerts à la population.

Elle s'est donc opposée à tout ticket modérateur en santé et a dit qu'elle abolirait la contribution santé annuelle de 200 $ par personne, si elle prend le pouvoir.

Devant ses militants, déterminée à fouetter ses troupes, la chef péquiste a tracé un parallèle entre le peuple québécois et le club de hockey Canadien, qui aligne des joueurs «dont on disait qu'ils étaient trop peu fiers pour gagner».

Mais ils «ont cru en eux-mêmes» et ils ont gagné, a-t-elle dit.

Elle a reçu une longue ovation de ses militants quand elle a dit apprécier vivre dans une société «où toutes les personnes peuvent aspirer aux plus grandes réussites».

C'est «ce qui a permis à une jeune fille issue d'un milieu modeste, mais fière de ses origines, de se tenir aujourd'hui devant vous et de vous dire que tout est possible», a-t-elle dit, soulevant des applaudissements nourris.

En matière d'éducation, les quelque 500 militants présents à Drummondville ont paru divisés sur plusieurs questions, mais se sont prononcés en faveur «de réduire ou abolir le financement aux écoles privées».

Ils préfèrent maintenir en place les  commissions scolaires et ne jugent pas nécessaire de rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans.

Cela peut donner un aperçu des orientations du PQ, mais le programme comme tel ne sera adopté que lors du congrès national, qui aura lieu au Palais de congrès de Montréal, du 15 au 17 avril 2011.

D'ici là, plusieurs autres rencontres sont à l'horaire, dont celle des présidents, à Beaupré, le 19 juin, et la tenue d'un congrès des jeunes en octobre.