Les données publiées mardi dans La Presse portant sur la façon dont Pauline Marois a financé son éventuelle campagne à la succession d'André Boisclair, en mai 2007, ont donné des munitions à Jean Charest.

Assiégé depuis plusieurs semaines, il a enfin pu contre-attaquer, mardi. «Elle a fait le contraire de ce qu'elle prétendait : 44% de ses dons étaient de 3000 $», a soutenu M. Charest.

La Presse a aussi démontré qu'une part importante des donateurs viennent des grandes entreprises de génie-conseil de Montréal. En tout, 63 donateurs ont versé 123 000 $ pour aider Mme Marois.

La chef péquiste et ses députés «se drapent dans leur foulard blanc... prétendent à la pureté. Elle dit qu'elle est pure... C'est de la pure hypocrisie», a lancé Jean Charest, une référence au foulard de satin blanc qu'avaient arboré la semaine dernière les élus qui veulent que Québec lance une commission d'enquête sur la construction et le financement des partis politiques.

Mme Marois, qui portait le sien mardi encore, a saisi la balle au bond. Elle a souligné que le gouvernement tentait de faire diversion au moment où l'Assemblée avait à voter sur une motion appuyée par tous les partis de l'opposition, exigeant une commission d'enquête sur le financement des partis politiques.

La chef péquiste a soutenu que, si on peut établir le montant et la source des contributions, c'est précisément parce que le PQ a agi en toute transparence. D'autant plus que rien, légalement, ne l'oblige à publier la liste des donateurs dans le cas d'une course à la direction du parti.

Aujourd'hui en prison, l'homme d'affaires allemand Karlheinz Schreiber avait versé 10 000 $ à la caisse de la course à la direction de Jean Charest en 1993, a-t-elle rappelé. «Quand on veut jouer dans ce film-là...» a-t-elle menacé. En fait, c'est plutôt 30 000 $ que M. Schreiber a donné au frère de M. Charest, Robert, pour cette course que Kim Campbell avait remportée.

Le ton a encore monté et Jean Charest a rappelé que Ginette Boivin, donatrice importante à la caisse de Pauline Marois, aujourd'hui au Groupe SM, était jusqu'en 2006 le pivot d'un «système illégal de financement» auquel avait participé Jean Brault, (de Groupaction) une vedette du scandale des commandites.

En point de presse, plus tôt, Mme Marois avait souhaité que le gouvernement laisse ses députés libres de voter selon leur conscience sur cette motion qui proposait une commission d'enquête.

Le fait qu'elle soit financée comme le PLQ par des gens issus des firmes de consultants n'affaiblit pas sa position, selon elle. D'abord, tout s'est fait en transparence, a-t-elle insisté, alors que Jean Charest a bénéficié d'une «rallonge» salariale de 75 000 $ pendant 10 ans à l'insu de tous. Des 123 000 $ amassés en vue d'une éventuelle course à la direction, en 2007, 41 000 $ sont restés au PQ, a-t-elle dit.

Mme Marois soutient que les cadres des entreprises de génie-conseil qui contribuent au PLQ attendent un renvoi d'ascenseur. Cela semble différent quand ils contribuent au PQ : «Les dons ont été faits dans le respect de la loi sur les contributions politiques. Ce sont des dons personnels», a-t-elle affirmé.

Pension

En point de presse, Mme Marois s'est dite disposée à «ouvrir le débat» sur la pension que reçoit son mari, Claude Blanchet. Après six ans passés à la barre de la SGF, M. Blanchet a droit à une rente à vie de 86 000 $, ce que les libéraux reprochent souvent à Mme Marois.

Si on ouvre le débat sur la pension de Claude Blanchet, «on l'ouvrira sur toutes les pensions», a lancé Mme Marois. «Si c'est odieux, c'est odieux pour tous ceux qui la reçoivent. Henri-Paul Rousseau est parti avec une pension de 300 000 $ pour le même temps (six ans) à la Caisse de dépôt.»

Pierre Shedleur, l'actuel président de la SGF, aura droit à 344 000 $ même s'il a eu des rendements négatifs durant les cinq dernières années, a-t-elle ajouté.