La chef péquiste Pauline Marois a mis Jean Charest au défi jeudi de rendre publique la liste des donateurs à ses campagnes au leadership de 1993 et 1998.

Mme Marois a servi cette réplique au premier ministre qui l'accusait de se draper du foulard de la vertu alors qu'elle est, selon lui, la championne «toutes catégories dans le domaine des prête-noms».

Pour appuyer ses dires, le premier ministre s'est inspiré de la manchette de La Presse rapportant que trois des quatre enfants de Mme Marois, tous étudiants, ont versé le maximum permis par la loi, 3000 $, pour financer la campagne au leadership de leur mère en 2005.

L'aînée de la famille, alors responsable d'un club vidéo, a pour sa part contribué à hauteur de 2600 $.Pour M. Charest, cette affaire illustre le double discours que tient la chef de l'opposition officielle en matière d'éthique.

«La chef de l'opposition officielle rit des Québécois. Elle se moque des Québécois en faisant la morale», a lancé le premier ministre à l'Assemblée nationale au cours d'un échange acrimonieux pendant lequel les deux chefs se sont invectivés sans ménagement.

«Les Québécois ont devant eux le spectacle d'une personne qui s'est présentée la semaine dernière drapée d'un foulard blanc, disant: Je suis pure, je respecte les plus hauts standards, pas juste de loi, de pureté. Or, on apprend au fil des jours (...) qu'elle faisait exactement le contraire de ce qu'elle prétendait», a ajouté M. Charest.

Piquée au vif, la chef péquiste a exigé de son homologue libéral qu'il révèle le nom des donateurs qui ont financé ses campagnes à la direction en 1993 et en 1998.

«Ni ma mère ni mes enfants n'auront de contrats d'asphalte ni de permis de garderie», a-t-elle fait remarquer.

Mme Marois en a rajouté, disant préférer le soutien financier des membres de sa famille à celui de Karlheinz Schreiber, le lobbyiste extradé en Allemagne qui avait versé des centaines de milliers de dollars à l'ancien chef conservateur Brian Mulroney.

«Je préfère être financée par ma famille que par Karlheinz Schreiber qui est en prison. D'ailleurs, est-ce que le premier ministre peut nous dire si c'est 10 000 $ ou 30 000 $ que son frère a négocié avec ce marchand d'armes?», a relevé la leader souverainiste.

Plus tard dans un communiqué, Mme Marois a défendu la légitimité des dons versés par ses enfants. La loi et les règles de financement des partis politiques ont été respectées, a-t-elle assuré.

Au bureau du Directeur général des élections (DGE), une porte-parole a fait savoir que les dons provenant des proches et des familles étaient tout à fait légaux.

«Rien dans la loi n'empêche des membres de la famille d'un politicien à contribuer à une campagne de financement, pour autant que le plafond des contributions est respecté et que le versement est par chèque», a dit la porte-parole.

Quant à eux, les leaders des deux autres partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont eu des réactions divergentes sur la nature du financement de la campagne de Mme Marois.

Pour Amir Khadir, de Québec solidaire, il est dans l'ordre des choses que des proches participent au financement politique.

Mais pour le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, les montants versés par les enfants de Mme Marois suggèrent l'utilisation de prête-noms.

«Mme Marois prend ses enfants pour contribuer à son financement. De très jeunes adultes, des gens à l'école, des gens aux études. Je ne connais pas grand monde qui peuvent donner 3000 $ (...) que ce soit ses enfants qui font cet exercice-là, c'est décevant», a-t-il dit.