Vingt ans après l'échec de l'accord du Lac Meech, le gouvernement Charest n'a toujours pas l'intention de revenir à la charge pour que le Québec adhère à la constitution canadienne.

Interrogé à savoir si le gouvernement comptait reprendre le bâton de pèlerin pour revendiquer plus de pouvoirs d'Ottawa durant le présent mandat, le ministre des Affaires intergouvernementales, Robert Dutil, n'a pas caché son absence d'enthousiasme.

«Je ne vous ferai pas de prédiction de ce côté-là», a-t-il répondu en point de presse, vendredi, au terme d'une interpellation de deux heures en Chambre sur le sujet, à la demande de l'opposition péquiste.

Il s'est contenté de dire que le gouvernement était «tourné vers l'avenir», sans préciser ce qu'il entendait par là.

Durant les deux heures de débat avec le porte-parole péquiste dans le dossier, Alexandre Cloutier, puis en point de presse, la crise économique lui a servi d'argument pour justifier la position du gouvernement.

«Pour l'instant, ce qui nous importe, c'est la situation économique», a-t-il insisté, tout en reconnaissant que depuis 2003, crise économique ou pas, le débat constitutionnel «n'a pas été relancé» par le gouvernement Charest.

«Pour l'instant, les priorités ne sont pas là», a-t-il répété, sans s'engager à quoi que ce soit pour les années qui viennent, et ce, quelle que soit la santé économique du Québec.

Le député Cloutier en a conclu que le gouvernement Charest était le pire gouvernement de l'histoire, quant à la revendication de pouvoirs pour le Québec au sein du Canada et à la reconnaissance de la différence québécoise.

«Il n'y a aucun doute dans mon esprit que le gouvernement actuel est de loin celui pour qui l'approche constitutionnelle est la plus molle, et carrément rendue inexistante», a dit M. Cloutier.

Il s'est appliqué à tenter de démontrer que l'échec de l'accord, il y a 20 ans, avait des conséquences bien réelles, aujourd'hui, pour les Québécois, dans leur vie de tous les jours.

Par exemple, a-t-il fait valoir, si les compétences du Québec étaient respectées, Ottawa n'aurait pas pu sabrer dans les budgets de la culture et des festivals du Québec comme il l'a fait.

On parle ici «de coupures unilatérales sans que le Québec ait un mot à dire», a-t-il déploré.

D'entrée de jeu, M. Dutil avait reconnu que les deux parlementaires s'étaient livré à un «dialogue de sourds».

Le ministre a fait valoir de son côté que même si Meech avait été adopté en juin 1990, le PQ ne serait pas davantage satisfait et continuerait à revendiquer la souveraineté, «une finalité en soi».

Quant à la députée de Gatineau et adjointe parlementaire du premier ministre, Stéphanie Vallée, qui a participé au débat, elle a jugé que le PQ se nourrissait de «hargne» et de «fiel».

L'Accord constitutionnel du Lac Meech, signé en 1987, et devant être entériné par les parlements de toutes les provinces dans un délai de trois ans, fixait cinq conditions - au premier chef, la reconnaissance du concept de «société distincte» - pour que le Québec adhère à la constitution canadienne rapatriée en 1982.

Deux provinces, le Manitoba et Terre-Neuve, n'avaient pas donné suite à l'accord, qui est donc mort en juin 1990.