À peine confirmé lundi matin comme candidat libéral dans la circonscription de Vachon, au sud de Montréal, l'ex-député adéquiste Simon-Pierre Diamond a dû se défendre de s'être «donné au plus offrant». Il a du même souffle attaqué son ancien parti, qui aurait «plongé dans le populisme à outrance».

La réplique n'a pas tardé du côté de l'ADQ, où on estime que sa sortie «manque tout à fait de crédibilité». «Il s'est présenté sous la bannière de l'ADQ en 2007, il l'a refait en 2008, a rappelé Sylvie Roy, leader parlementaire de l'ADQ et députée de Lotbinière. Et il n'a pas arrêté ça là : il est devenu directeur général pendant plusieurs mois !»

En point de presse, accompagné du premier ministre Jean Charest, M. Diamond a affirmé avoir été «amèrement déçu» de son bref passage à l'Action démocratique du Québec. C'est dans ce contexte qu'en octobre 2008, il avait vilipendé ses collègues adéquistes André Riedl et Pierre-Michel Auger, passés au PLQ. «Des gens qui se donnent au plus offrant, on en voit souvent au centre-ville, tard le soir, mais au parlement, des gens qui font le trottoir, on en voit très, très, très rarement», avait-il alors déclaré.

«Je reconnais que c'était des mots durs, mais le contexte est complètement différent, a-t-il expliqué lundi matin. Je ne renie pas un mandat que j'ai déjà, j'en sollicite un nouveau. Et l'ADQ n'est plus ce qu'elle était.»

Mêmes valeurs

M. Diamond, qui est devenu le plus jeune député québécois de l'histoire en 2007, explique avoir été «profondément choqué» par deux aspects de l'ADQ : «L'insistance abusive sur la sécurité publique, et l'insistance abusive sur le conservatisme.» Il n'a pas apprécié les prises de position qu'il qualifie aujourd'hui de «populisme à outrance», notamment dans le débat sur les accommodements raisonnables.

«Moi, je ne choisis pas ça. J'ai choisi de croire en des idées et de les défendre sur la place publique.» Ses trois priorités pour la circonscription sont la santé, la famille et le développement économique.

Le jeune politicien, aujourd'hui âgé de 25 ans, en a fait sourciller plus d'un quand il a déclaré «qu'idéologiquement, le Parti libéral et l'ADQ ont toujours été proches ». Interrogé à ce sujet, Jean Charest a rappelé que l'ADQ a pris naissance au début des années 90 à l'initiative de libéraux. «Sur les enjeux économiques, on est plus proches un de l'autre que du PQ. S'il y a un contraste, c'est entre le PQ qui est très à gauche, et les autres partis.»

Le premier ministre a écorché au passage la candidate du PQ dans Vachon, Martine Ouellet, qu'il a identifiée à «l'aide radicale du parti». «Elle vient du SPQ Libre, ce n'est pas rien, ça.»

«Il parle à travers son chapeau, c'est mal me connaître, a rétorqué Mme Ouellet. Je crois à la social-démocratie, mais je crois aussi au développement économique : c'est ce qu'on appelle le développement durable.»

La candidate péquiste met en doute les engagements de son nouvel adversaire, «qui est passé aussi vite d'un parti à un autre». «Est-il pour ou contre une commission d'enquête ? Approuve-t-il le ticket modérateur ? Je me demande vraiment quelles sont ses convictions.»

À Québec, la leader parlementaire de l'ADQ s'est quant à elle dite «extrêmement surprise» du passage de M. Diamond au PLQ, qui lui a lui-même annoncé la nouvelle au téléphone dimanche. «Lorsque j'ai reçu son appel, je me demandais de quoi il me parlait tellement j'étais surprise. «Tu vas perdre!», c'est ça que j'ai dit. Les Québécois, on l'a vu lors de la dernière élection, ça ne fonctionne pas avec les transfuges.»

Pas de date pour les élections

La circonscription de Vachon, qui englobe la majeure partie de l'arrondissement de Saint-Hubert à Longueuil, est vacante depuis le départ de Camil Bouchard, élu sous la bannière péquiste en décembre 2008, qui a annoncé sa retraite politique une année plus tard. Depuis sa création en 1981, la circonscription a envoyé cinq fois un député péquiste à Québec, et a fait confiance deux fois à une libérale, Christiane Pelchat, députée de 1985 à 1994.

Lundi matin, le premier ministre n'a pas précisé la date de l'élection partielle, se contentant d'assurer qu'elle «n'allait pas tarder». Ce flou a fait bondir le leader parlementaire du PQ. «Le cynisme de M. Charest n'a pas de limite, affirme Stéphane Bédard. Peut-être va-t-il le faire dans les deux semaines de vacances de la construction. Il serait capable de pousser le cynisme jusque-là.»

Élu en mars 2007 dans la circonscription de Marguerite-D'Youville, en pleine vague adéquiste, Simon-Pierre Diamond avait subi de plein fouet la désaffection à l'égard de son parti aux élections générales suivantes. En décembre 2008, il avait perdu son siège, terminant troisième avec 18,5 % des voix. Il avait été nommé quelques mois plus tard directeur général de l'ADQ, avait appuyé Gilles Taillon à la course à la direction puis s'est retiré de la politique.