Au moment où les négociations piétinent dans le secteur de la santé, le gouvernement Charest prévient le front commun syndical qu'il souhaite signer une entente avec tous ses employés d'ici à la fin du mois. Le front commun serre les rangs et affirme qu'aucune entente globale ne sera conclue sans le secteur de la santé.

En conférence de presse, hier, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a insisté sur l'importance d'arriver à un règlement d'ici la fin du mois de juin. Selon elle, cette échéance doit être respectée en vue de mettre en oeuvre, à temps pour la rentrée scolaire, les mesures prévues dans les ententes de principe du secteur de l'éducation.

 

En santé, où l'aménagement des horaires de travail pose problème, «il reste encore des différends à aplanir. Il faut le faire. Il reste encore un certain temps, mais le temps commence à presser aussi», a-t-elle affirmé. «Ce que la santé nous demande en vertu des propositions qui sont faites, c'est presque 1,7 milliard supplémentaire. Vous comprendrez que l'écart est quand même assez grand.»

Des avancées sont tout de même survenues dans les négociations avec la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, a dit le ministre Yves Bolduc. Avec les infirmières de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, «l'écart est resté à peu près le même. On est encore chacun sur nos positions. Nous autres, on veut démontrer une grande ouverture. On va attendre d'avoir la part du syndicat».

Monique Gagnon-Tremblay a assuré qu'un décret visant à imposer un règlement «n'est pas dans les cartons». Elle a fait valoir que des ententes de principe sur les conditions de travail ont été conclues avec les deux syndicats de la fonction publique et la moitié des syndiqués du secteur de l'éducation. Les huit ententes de principe - aucune en santé - couvrent 30% des syndiqués représentés par le front commun, qui rassemble 475 000 des 550 000 employés du secteur public.

Pour le reste, «les parties sont toujours aux tables de négociation et négocient, peut-être pas au rythme qu'on souhaiterait parfois. Donc, on peut dire que ça ne va pas nécessairement mal», a dit Mme Gagnon-Tremblay.

Ententes conditionnelles

Les ententes de principe sont conditionnelles à la conclusion d'un accord à la table centrale, où se négocient les salaires. Les syndicats demandent une hausse de 11,25% en 3 ans (3 milliards de dollars). L'offre du gouvernement Charest prévoit des augmentations salariales de 5% en 5 ans, ce qui équivaut à 1,6 milliard de dollars. Selon Le Soleil, jusqu'à 2% - et non plus 1,5% - pourraient s'ajouter si la croissance économique est plus élevée que celle prévue par le gouvernement.

Les deux ministres ont tenu leur conférence de presse alors que le front commun n'avait pas encore terminé la sienne, à Montréal. Ce dernier accuse Québec de vouloir diviser les troupes. «Aussi longtemps que la santé et les services sociaux n'avanceront pas dans leurs négociations sectorielles, il n'y aura pas de règlement dans la fonction publique, il n'y aura pas de règlement dans l'éducation, il n'y aura pas de règlement dans la santé à la table centrale. C'est pour ça qu'on est en front commun: c'est pour utiliser notre rapport de force collectif et on ne se laissera pas diviser», a affirmé Louis Roy, de la CSN.

Le premier ministre Jean Charest a «pris acte» de l'avertissement du front commun. Rappelant les ententes de principe conclues, il a noté que «déjà, on a fait des progrès qui sont remarquables si on compare aux négociations précédentes», qui s'étaient terminées par un décret. En santé, «il faut faire un effort des deux côtés. J'aimerais beaucoup qu'on puisse avancer. Nous y mettons tous les efforts», a-t-il ajouté.

Le comité patronal de négociation pour les commissions scolaires francophones conteste aujourd'hui devant le Conseil des services essentiels la grève du 8 juin qu'a annoncée la Fédération autonome de l'enseignement. Cette fédération, qui représente 32 000 enseignants de la grande région de Montréal et de l'Outaouais, ne fait pas partie du front commun.