L'Action démocratique (ADQ) souhaite que tous les enfants inscrits en sixième année du primaire reçoivent la moitié de leur enseignement en français, l'autre moitié en anglais.

Cette proposition audacieuse émane du chef de l'ADQ, Gérard Deltell, qui se dit très inquiet du faible taux de bilinguisme des jeunes Québécois.Dans une entrevue à La Presse Canadienne, M. Deltell a soutenu que l'enseignement intensif de l'anglais, au primaire et au secondaire, devrait devenir une priorité absolue.

C'est la première fois que M. Deltell s'ouvre sur cette question sensible, qui ne fait pas partie du programme de l'ADQ.

Il est urgent, a-t-il fait valoir, de former une génération de Québécois parfaitement bilingues et de prendre les moyens requis pour y arriver, et ce, quel qu'en soit le coût.

«Il faut que ce soit bilingue. Il faut que nos enfants soient bilingues. Il faut qu'on ait une génération bilingue au Québec. On ne peut plus se permettre d'attendre. Il faut le faire là», soutient-il, animé d'un sentiment d'urgence.

Sa solution chamboulerait le cursus actuel des élèves du secteur public et entraînerait inévitablement des coûts astronomiques.

Par exemple, suggère M. Deltell, pour ne pas nuire aux autres matières de base, il faudrait songer à augmenter le nombre total d'heures passées en classe, pour faire toute la place requise à l'anglais. Chaque heure de plus représente des coûts élevés en salaires additionnels à verser aux enseignants.

«Si cela amène à avoir un petit peu plus de temps en classe, pourquoi pas? Cela peut coûter des sous, mais c'est tellement plus rentable à long terme», selon lui.

Source additionnelle de coûts: la mise à niveau des enseignants. Selon M. Deltell, les enseignants devraient non seulement pouvoir enseigner l'anglais, mais être suffisamment bilingues pour enseigner en anglais, ce qui pourrait vouloir dire, il en convient, «des sacrifices» financiers.

Il est aussi conscient que sa suggestion, si elle était appliquée, forcerait le ministère de l'Éducation à revoir ses programmes, au primaire comme au secondaire.

Car M. Deltell voudrait aussi davantage de cours intensifs d'anglais au secondaire, voire faire de l'anglais une des matières de base pour les élèves du secondaire.

Dans son esprit, l'enseignement intensif de l'anglais au primaire et au secondaire serait offert autant aux enfants nés ici qu'à ceux des immigrants.

Le Québec fait piètre figure sur la scène internationale, pour ce qui est de l'apprentissage en bas âge d'une deuxième langue, a déploré le député de Chauveau.

Il y a, selon lui, environ 35 pour cent des Québécois qui sont bilingues, alors qu'en Suède le taux de bilinguisme atteint 90 pour cent, au Danemark 88 pour cent et en Finlande, 69 pour cent.

«Je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas capables d'atteindre ça», dit le chef adéquiste, qui dit vouloir voir le Québec «arrêter de niveler par le bas. Il faut niveler par le haut».

«Là où on est intraitable, c'est sur l'objectif. Notre objectif à nous, c'est qu'on ait une génération bilingue», a-t-il fait valoir.