Porté au pouvoir, un gouvernement du Parti québécois assujettira les cégeps à la loi 101. Ainsi, les allophones et les francophones ne pourraient plus choisir de fréquenter un cégep anglais.

Longtemps évoquée dans les instances du Parti québécois, cette disposition se trouve dans la proposition de programme électoral que la direction du Parti québécois rendra publique le 19 juin, et dont les militants débattront jusqu'au congrès, début 2011.

Pas question de s'enferrer dans «la mécanique référendaire», a-t-on insisté d'entrée de jeu. La proposition principale dira clairement qu'un référendum est le passage obligé pour atteindre la souveraineté, mais on a été d'une prudence extrême: on ne fait aucune précision sur le contexte nécessaire. Exit donc l'obligation du «premier mandat», des «conditions gagnantes» ou même du «moment opportun».

Sur la question de la souveraineté, on ne déroge guère du plan de match établi depuis un an. Un gouvernement péquiste réclamera à Ottawa une longue liste de compétences. En revanche, on ne mentionnera pas expressément que, en cas de refus du fédéral, Québec tiendra des «référendums sectoriels» pour lui forcer la main.

Dossier linguistique

Avec la controverse récente sur les écoles «passerelles», le dossier linguistique sera central. Même si, au collégial, près de la moitié des élèves allophones bifurquent vers le réseau anglophone, l'assujettissement des cégeps à la loi 101 ne fait pas l'unanimité. Sylvain Simard, ministre sous Lucien Bouchard et Bernard Landry, lesquels s'étaient tous deux opposés à cette formule, a exprimé son désaccord, a-t-on confié à La Presse. D'autres élus montréalais partagent cet avis, mais sont restés silencieux. L'entourage de Pauline Marois a dû maintes fois préciser qu'il ne s'agissait que d'une proposition susceptible d'être profondément modifiée au cours des délibérations que tiendront les instances régionales dans les 300 prochains jours.

Pour dorer la pilule, le PQ compte proposer en même temps l'amélioration de l'enseignement de l'anglais au cégep, mais on n'a toutefois pas précisé de cibles quant au nombre de crédits ou au nombre de cours.

Autre proposition prévisible, le PQ souhaite étendre aux entreprises de moins de 49 employés les obligations linguistiques. On sera moins contraignant: les «certificats de francisation» deviendront des certificats de «conformité».

Le crucifix de l'Assemblée nationale

Un gouvernement péquiste votera aussi une charte de la laïcité, mais le programme péquiste ne décrira pas trop précisément les limites des accommodements raisonnables. Le crucifix, toutefois, restera à l'Assemblée nationale, témoin de notre patrimoine historique.

Issues des trois colloques du PQ tenus depuis le début de l'année, d'autres propositions ne surprendront personne. Le PQ voudra que les Québécois n'aient qu'une seule déclaration fiscale à produire, un objectif annoncé il y a un an.

Venue des jeunes, une proposition a survécu: on veut rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans au lieu de 16, ce qui aurait des conséquences budgétaires certaines pour le gouvernement.

En matière de santé, les militants péquistes se verront proposer d'autoriser les pharmaciens à accomplir davantage de gestes pour le renouvellement d'une ordonnance, une décision qui relève uniquement du médecin actuellement.

En énergie, les péquistes craignent de se faire chiper le thème de «l'indépendance énergétique» qu'a récupéré récemment la ministre libérale Nathalie Normandeau. On fera la promotion des sources d'énergie qui ne sont pas liées au pétrole, sans abandonner l'exploration gazière dans le golfe Saint-Laurent.