Les femmes monoparentales vont faire les frais des coupes à l'aide sociale concoctées par le gouvernement Charest, s'est insurgée jeudi l'opposition péquiste.

Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, a confirmé en Chambre qu'il étudiait divers «scénarios» dont l'un aurait pour effet de réduire les prestations pour 20 000 ménages.

En raison du dynamisme du marché du travail, le ministre songe à abolir «l'allocation pour contraintes temporaires» pour nombre de catégories de prestataires, dont les mères célibataires et les personnes âgées de 55 et plus.

Furieux et inquiets, les groupes de lutte contre la pauvreté se préparent à monter aux barricades.

De son côté, l'opposition péquiste n'a pas manqué de rappeler que le ministre n'avait soufflé mot des compressions à venir lors de l'annonce en grandes pompes, il y a quelques jours, du plan de sept milliards $ pour lutter contre la pauvreté d'ici cinq ans.

«Quatre jours après le show du ministre, dimanche dernier, on connaît le vrai plan d'action du ministre aujourd'hui», a ironisé la porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de solidarité sociale, Monique Richard.

Selon elle, ce sont les femmes qui pour une bonne part feront les frais des exigences du gouvernement pour le retour au déficit zéro.

«Jusqu'où ira le mépris et le cynisme de ce gouvernement? Ce n'est pas un plan de lutte à la pauvreté qu'on a présenté, c'est un plan de lutte aux pauvres. Est-ce que le ministre confirme les coupures qui sont annoncées pour les femmes monoparentales, pour les femmes du Québec majoritairement?», a-t-elle lancé.

D'après le quotidien La Presse, les mères monoparentales perdraient l'allocation pour contraintes temporaires dès que leurs enfants atteignent l'âge de deux ans, plutôt que cinq ans comme c'est le cas actuellement.

La compression priverait plus de 11 000 mères monoparentales et 10 000 familles avec deux parents d'une allocation supplémentaire moyenne de 120 $ par mois.

Plus encore, Québec ne verserait plus l'allocation pour contraintes temporaires aux bénéficiaires âgés entre 55 et 60 ans.

Ces mesures d'austérité permettraient de dégager des économies de 30 à 40 millions $ d'ici 2012.

Le ministre Hamad n'a pas voulu abattre ses cartes mais a admis qu'il planchait sur diverses hypothèses pour «encourager» le retour à l'emploi de certains prestataires.

«Il n'y a aucune décision de prise. Cependant, nous sommes en train d'étudier des scénarios. Ces scénarios, si jamais ils se concrétisent, vont être en cohérence avec la politique du gouvernement du Québec, c'est-à-dire valoriser le travail, valoriser les efforts», a expliqué M. Hamad.

Pour les militants anti-pauvreté, il apparaît clair que le ministre tente de refiler aux pauvres la facture du déficit zéro.

«Ce sont les plus pauvres qui vont payer une fois de plus pour le déficit zéro et pour ajouter à l'injure, on est en train de dire qu'on va couper votre chèque pour améliorer les revenus de l'Etat», a fulminé le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc.

Pour sa part, le Front commun des personnes assistés sociales estime que le gouvernement a choisi la mauvaise cible en «attaquant» les plus pauvres.

«On ne comprend pas la raison de ces attaques, surtout après le plan de lutte annoncé par le gouvernement. Pourtant, on sait que plus on appauvrit les gens, plus il y a des impacts sur les coûts de santé et de services sociaux. C'est un bien mauvais choix de la part du gouvernement», a dit la porte-parole Amélie Châteauneuf.