Le suspense persistait, jeudi, au parlement de Québec, où les élus ne savaient toujours pas s'ils allaient pouvoir prendre congé comme prévu vendredi.

Le psychodrame habituel de fin de session entre le gouvernement et l'opposition tourne cette fois autour de l'adoption du projet de loi 100, qui contient les mesures de réduction de coûts imposées aux organismes de l'État, notamment en ce qui a trait à la formation, aux déplacements et à la publicité.

Libéraux et péquistes avaient jusqu'à 22h30 pour s'entendre et conclure l'étude du projet article par article, qui a déjà grugé une cinquantaine d'heures aux parlementaires, mais rien n'indiquait dans les heures précédentes qu'ils allaient y arriver.

Jeudi, les deux camps se renvoyaient la balle, jugeant l'autre responsable de la situation.

Selon le leader de l'opposition officielle, Stéphane Bédard, le gouvernement cherche à faire diversion, en mettant un accent démesuré sur le projet de loi 100.

«Il a mal planifié l'ensemble de ses travaux», a-t-il dit, en point de presse, estimant qu'il n'y avait «aucune raison d'avoir un bâillon», et surtout aucune urgence d'adopter ce projet de loi.

Dans le camp adverse, le ministre des Finances, Raymond Bachand, qui pilote le dossier, n'a pas caché son exaspération. En point de presse, il a estimé que l'opposition multipliait les interventions inutiles pour retarder l'adoption du projet de loi.

«Malheureusement, ils n'ont pas encore inventé de pilule anti-radotage», a-t-il dit, en parlant de ses adversaires péquistes.

En matinée, le premier ministre Jean Charest a rejeté le blâme sur les députés de l'opposition, lui aussi, et invité la chef péquiste, Pauline Marois, «à se ressaisir».

«Je regrette qu'ils retardent (l'adoption du projet) et jouent des jeux comme ça, alors que l'enjeu c'est l'avenir économique du Québec», a-t-il dit, lors d'un bref point de presse.

Pour sortir de l'impasse, comme le gouvernement est déterminé à imposer son projet coûte que coûte avant l'ajournement des travaux, le leader parlementaire, Jacques Dupuis, pourrait se lever en Chambre, vendredi matin, après la période des questions, et annoncer qu'il suspend les règles parlementaires et impose le bâillon à l'opposition.

Il ferait ainsi d'une pierre deux coups: accélérer l'adoption du projet de loi 100 et éviter un long débat autour de la motion de censure qui est au feuilleton de vendredi et qui est parrainée par la chef péquiste, Pauline Marois.

Cette motion vise à blâmer le gouvernement pour son entêtement à ne pas tenir de commission d'enquête sur l'industrie de la construction et le financement des partis politiques.

Si le gouvernement va en ce sens, le débat autour de la motion de censure - qui n'a aucune chance d'être adoptée, le gouvernement étant majoritaire - ne serait faite qu'en septembre, lors de la reprise des travaux parlementaires.

L'opposition péquiste s'est dit prête à siéger la semaine prochaine, si nécessaire, pour poursuivre l'étude des projets de loi.