Le premier ministre Jean Charest n'a pu faire adopter la plupart des projets de loi majeurs déposés par son gouvernement au cours de la session printanière, qui a pris fin vendredi comme elle avait commencé, dans les procès d'intentions et les insultes.

M. Charest affiche donc un bilan législatif très mince, et, en conférence de presse, il en a imputé tout le blâme à la chef péquiste, Pauline Marois, à qui il a réservé des mots très durs.

Dans une nouvelle charge contre la chef de l'opposition officielle, M. Charest a accusé sa rivale de tous les maux, dont celui d'avoir fait de l'obstruction systématique lors de l'étude des projets de loi, au cours des derniers mois.

Tirant dans toutes les directions, il a de plus jugé qu'elle n'avait aucune idée à proposer, qu'elle avait orchestré une campagne de salissage contre son gouvernement, imposé un climat malsain en Chambre, abusé systématiquement de son immunité parlementaire, fait preuve de mauvaise foi, et annoncé, selon lui, qu'elle changerait de personnalité en se transformant en «tueuse», en Chambre.

Sur sa lancée, M. Charest s'est plu à rappeler une fois de plus un extrait du film À hauteur d'homme, en 2003, quand «Mme Marois affirmait qu'ils allaient attaquer le gouvernement et qu'ils allaient brasser de la merde».

Le projet de loi 100 adopté sous bâillon

À l'arraché, en séance extraordinaire convoquée quelques heures après la fin des travaux vendredi, le gouvernement aura au moins réussi à faire adopter sous le bâillon son projet de loi 100, qui comporte diverses mesures budgétaires comme les réductions de dépenses imposées aux organismes de l'État et celles encadrant l'indexation des tarifs de services publics.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, tenait absolument à clore ce dossier avant la pause estivale.

Adopté de force, alors que son étude était loin d'être complétée, le projet de loi 100 demeure pratiquement le seul projet majeur que le gouvernement aura réussi à mener à terme durant cette session, qui aura été marquée davantage par ses débats houleux que ses pièces législatives.

Restent donc en plan pour la prochaine session le projet de loi 48 sur le code d'éthique des élus -que le premier ministre tenait à adopter avant l'ajournement-, le projet de loi 94 sur l'interdiction du voile intégral dans les services publics, le projet de loi 93 sur le financement des partis politiques, le projet de loi 92 sur la réforme de la carte électorale, le projet de loi 103 sur l'accès aux écoles anglaises privées non subventionnées et le projet de loi 109, déposé seulement cette semaine, sur l'éthique en milieu municipal.

Même si le gouvernement a été sur la sellette durant toute la session, en raison d'allégations de favoritisme dans l'attribution de places en garderies, il n'a pas déposé le projet de loi promis en avril par l'ex-ministre Tony Tomassi dans le but de mieux encadrer le mode de propriété des garderies privées.

Au total, Québec avait déposé 26 projets de loi et en a fait adopter 17, d'inégale importance.

Dans la foulée des nombreuses allégations de collusion et favoritisme des derniers mois, Québec a notamment réussi à faire adopter le projet de loi 76, qui resserre l'octroi des contrats municipaux.

Vendredi, durant la conférence de presse, quelles que soient les questions posées par les journalistes ou les sujets abordés par M. Charest, ce dernier s'est posé immanquablement en victime des machinations de sa rivale.

«Je compare Pauline Marois à tous les chefs du PQ que j'ai eu devant moi, et je n'ai jamais connu ce que j'ai connu durant la dernière session parlementaire. Jamais», a-t-il dit, rappelant ses 26 ans de vie politique.

La chef péquiste «devra rendre compte de la façon dont elle se comporte en politique et des choix qu'elle a faits», a ajouté le premier ministre, visiblement soucieux de noircir le portrait.

Durant les mois d'été, des deux côtés de la Chambre, les esprits des élus auront tout le temps de se refroidir, d'ici la reprise des travaux parlementaires le 21 septembre.