Une ligne téléphonique qui offrira un service d'écoute et de référence aux aînés victimes de maltraitance sera lancée à l'automne au Québec. Une vaste campagne de sensibilisation, mettant en vedette l'humoriste Yvon Deschamps, sera aussi diffusée «pour que la population arrête de se mettre la tête dans le sable» et réalise que des milliers de personnes âgées sont chaque année victimes de sévices, selon la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais.

De passage lundi à Montréal, la ministre Blais a présenté son Plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées, doté d'un budget de 20 millions en 5 ans. «De 4 à 7% des personnes âgées canadiennes sont violentées ou négligées au Canada. Mais ce ne serait que la pointe de l'iceberg», a déclaré Mme Blais, qui estime que la maltraitance des aînés est «un sujet encore tabou au Québec».Un numéro pour informer

Ayant pour slogan «Soutenons, aimons, agissons», la campagne publicitaire du gouvernement parlera de maltraitance et présentera le numéro 1-800 de la nouvelle ligne d'écoute et de référence.

Le CSSS Cavendish, qui dispose déjà d'une ligne d'écoute pour les aînés, pilotera le lancement de ce nouveau service. Plusieurs personnes seront engagées pour répondre aux appels. «Les personnes qui nous appelleront seront écoutées et dirigées dans leur région vers les services adéquats», explique la directrice générale du CSSS Cavendish, Francine Dupuis.

Mme Dupuis reconnaît que les CSSS du Québec ne recevront pas d'argent afin engager plus d'intervenants pour répondre aux aînés de la ligne d'écoute. «Nous utiliserons la main-d'oeuvre déjà présente dans le réseau», affirme-t-elle.

Étant donné la pénurie de ressources humaines en santé, n'y a-t-il pas un risque que plusieurs aînés victimes de sévices n'aboutissent sur une longue liste d'attente? «Tout sera traité selon la priorité. Si on parle de violence, les aînés seront vus rapidement, assure Mme Dupuis. (...) Et ce n'est pas parce qu'on est en restriction de ressources qu'il faut ne rien faire. Mieux vaut commencer avec ce qu'on peut.»

Parmi les autres mesures contenues dans le Plan d'action, le gouvernement créera une chaire de recherche pour contrer la maltraitance des aînés à l'Université de Sherbrooke. Des coordonnateurs régionaux ayant pour mission d'identifier les différents services offerts aux aînés et de détecter les lacunes à ce sujet seront formés. Le Plan prévoit aussi obliger les résidences privées pour aînés à déclarer tout incident ou accident survenu dans leurs murs.

Accueil chaleureux

Plusieurs organismes d'aînés ont salué le Plan de la ministre Blais. La présidente de l'Association des retraitées et retraités de l'éducation (AREQ), Mariette Gélinas, a souligné que la plupart des aînés victimes de maltraitance n'osent pas dénoncer les responsables puisque les sévices proviennent souvent d'un proche. «La campagne de sensibilisation va aider», estime-t-elle.

La porte-parole de l'opposition officielle en matière d'aînés, Lisette Lapointe, salue quant à elle l'arrivée du Plan d'action. Elle est particulièrement satisfaite du fait que Québec compte forcer les résidences privées à déclarer tout incident ou accident. «Mais je reste inquiète du fait que le Plan ne prévoit rien pour les ressources intermédiaires. Je m'inquiète aussi des coupes faites dans l'aide sociale pour inciter certains aînés à retourner sur le marché du travail. Je crains qu'on n'appauvrisse ces gens-là», dit Mme Lapointe.