Jean Charest sera reçu mercredi au Palais de l'Élysée par le président français Nicolas Sarkozy.

La nouvelle est tombée mardi en début de soirée, quelques heures après que Jean Charest ait entrepris une courte mission de deux jours à Paris, en se rendant à Matignon où il a eu un long entretien avec son homologue, François Fillon.

L'éventualité d'une rencontre Charest-Sarkozy avait été évoquée pendant la préparation du voyage du premier ministre, mais elle ne figurait pas à l'agenda du président. Les discussions se sont poursuivies jusqu'à la dernière minute, l'attaché de presse de M. Charest, Hugo D'Amours, affichant pendant ce temps un optimisme prudent.

Compte tenu de son emploi du temps très chargé (réforme des retraites, plan de rigueur, déroute des Bleus), on aurait en effet compris que Nicolas Sarkozy ne puisse pas recevoir, même en ami, un premier ministre québécois en simple «visite de travail». D'autant qu'il lui a déjà ouvert sa porte à plusieurs reprises, notamment pour lui remettre la Légion d'honneur.

Le séjour à Paris de M. Charest (son quatrième en 18 mois) est donc bien rempli. En plus de voir le chef de l'État et le chef du gouvernement, le premier ministre québécois sera reçu jeudi au Quai d'Orsay par le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Ensemble, ils participeront à la signature de trois nouveaux Arrangements de reconnaissance mutuelle (ARM), conclus dans le cadre de l'entente franco-québécoise sur la reconnaissance des qualifications professionnelles.

L'un de ces accords a valeur de symbole: il permettra aux infirmières françaises de venir travailler au Québec et à leurs collègues québécoises d'en faire autant en France. Dans l'entourage de Jean Charest, on ne manque pas de souligner que le dossier des infirmières est un «gros morceau», une étape cruciale à laquelle le premier ministre tenait à assister.

Dans la cour de Matignon, M. Charest, flanqué du ministre Pierre Arcand, a expliqué que sa présence à Paris visait justement à maintenir la pression sur les différentes corporations professionnelles engagées dans les négociations des derniers ARM.

«Ce sont ceux qui exigent le plus d'efforts, a souligné le premier ministre. Si on veut arriver au bout de notre projet, il faut continuer à mettre beaucoup de pression et s'assurer qu'au plan politique, au plus haut niveau, tout le monde sache que ce projet doit se réaliser.»

Engagées l'automne dernier, les négociations entre les infirmières ont apparemment été ardues et elles se seraient sans doute poursuivies plus longtemps encore si le premier ministre ne s'était pas déplacé, affirme son entourage.

«Ça a fixé une échéance politique que les deux parties se sont efforcées de rencontrer pour profiter de l'effet d'annonce», explique un responsable.

En comptant ceux qui seront signés mercredi, 57 ARM ont été conclus jusqu'ici, qui couvrent 85 pour cent des demandes, précise-t-on. Ces arrangements permettront notamment aux médecins, aux sages-femmes, aux ingénieurs, aux experts-comptables ou aux maçons de travailler indépendamment en France et au Québec, où leurs qualifications seront désormais reconnues.

Les négociations doivent être bouclées en novembre prochain, juste à temps pour la prochaine visite (officielle cette fois) de M. Charest en France. Les discussions vont bien, assure le premier ministre, qui entend tout de même «maintenir la pression» jusqu'au bout sur les corporations, dont il ne met pas en doute la bonne foi, malgré les «résistances», la «force d'inertie» et certaines «habitudes».

«Ça va bien, ça ne va pas mal, mais ça va bien parce qu'on s'en occupe sur le plan politique et qu'à chaque occasion, on met la pression», a répété M. Charest.

Pendant leur entretien, les deux premiers ministres ont également fait le point sur les négociations du «nouveau partenariat économique» entre le Canada et l'Union européenne, qui reprendront mi-juillet à Ottawa. «Ça va rondement, peut-être même plus rapidement que prévu», a indiqué Jean Charest, en soulignant que la question des marchés publics se trouvait au coeur des discussions.