Les partis d'opposition ont estimé vendredi que le ministère des Transports n'avait pas l'indépendance nécessaire pour conclure, dans une étude présentée cette semaine, que la construction de nouvelles routes coûte moins cher au Québec.

Le porte-parole de l'opposition officielle, le député péquiste Stéphane Bergeron, s'est étonné que le MTQ ait choisi d'étudier un tronçon d'autoroute du Bas-Saint-Laurent, en milieu rural, alors que tous les soupçons de collusion concernent principalement la région de Montréal.

«Manifestement le gouvernement ne nous livre pas la vérité mais sa vérité, a-t-il dit. Le gouvernement refuse d'admettre qu'il puisse en coûter plus cher au Québec que dans les autres juridictions pour des travaux analogues.»

Selon M. Bergeron, dont le parti réclame depuis des mois une enquête sur le milieu de la construction, l'étude du MTQ manque de crédibilité et il aurait mieux valu confier le travail à un consultant externe, pour évaluer si des malversations ont un impact sur le coût des routes.

«Pourquoi ne pas avoir choisi un tronçon de la région métropolitaine, a-t-il demandé. Pourquoi ne pas être allé au fond des choses par rapport à ce que ça coûte réellement dans les faits et surtout, pourquoi ne pas avoir confié cette étude à une firme indépendante?»

Le député péquiste ne s'est pas montré convaincu par les observations du MTQ, qui a soutenu jeudi que la construction d'un kilomètre d'autoroute, près de Sainte-Luce, a coûté 14 pour cent moins cher qu'en Ontario.

«C'est le ministère lui-même qui au fond fait une étude pour valider le point de vue qu'il défend depuis le début», a-t-il dit.

Le porte-parole adéquiste en matière de finances, François Bonnardel, a affirmé que malgré les conclusions de l'étude, les routes coûtent plus cher à construire au Québec.

«C'est complètement ridicule, a-t-il dit. Quand tu regardes la situation, les parlementaires ne sont certainement pas rassurés et la population non plus. Quand tu fais ta propre auto-évaluation des coûts comparatifs de construction, je pense que c'est prendre les gens pour des idiots.»

Selon M. Bonnardel, le MTQ n'a pas l'objectivité requise pour évaluer la situation et, comme son collègue, il croit qu'une enquête publique permettrait d'y voir plus clair.

«Concernant la collusion et la malversation, on a entendu des choses qui sont graves», a-t-il dit.  Le coût des infrastructures routières est devenu un sujet politiquement explosif, au cours des derniers mois, en raison des allégations de malversations dans la construction.

L'opposition a soutenu que des cas de collusion contribuaient à gonfler les prix, une thèse contestée par le gouvernement, qui a plutôt attribué ces différences de coûts aux rigueurs du climat québécois et aux techniques de pavage utilisées.

En février, Mme Boulet avait annoncé que le MTQ allait effectuer une analyse des coûts des infrastructures routières pour répondre à des préoccupations soulevées par le vérificateur général Renaud Lachance.