L'un des hommes forts du gouvernement Charest, Jacques Dupuis, leader parlementaire et ministre de la Sécurité publique, quitte la vie politique.

L'annonce sera faite tout prochainement, et elle pourrait même tomber aujourd'hui, a appris La Presse de sources sûres. M. Dupuis, 61 ans, a fait part de ses intentions il y a une semaine au premier ministre Jean Charest. Il compte prolonger ses vacances à l'automne puis se joindre à un important cabinet d'avocats de Montréal.

Ce départ ouvre la voie au remaniement ministériel que Jean Charest avait prévu pour la fin du mois de juin, mais qu'il avait reporté. Avec la démission de Jacques Dupuis, quatre postes sont désormais vacants au Conseil des ministres: leader parlementaire, Sécurité publique, Famille et Travail. Les deux derniers sont devenus vacants avec les démissions de Tony Tomassi et David Whissell.

Après le congrès des jeunes libéraux la fin de semaine prochaine, Jean Charest devrait procéder à une nouvelle distribution des responsabilités. Pour bien des observateurs, Pierre Moreau, élu dans Châteauguay, pourrait occuper les fonctions stratégiques de leader parlementaire. Or, a appris La Presse, ce poste ira à quelqu'un d'autre, probablement une femme. Le départ de Jacques Dupuis libère en outre le château fort libéral de Saint-Laurent, où Jean Charest peut plus facilement attirer une vedette; un élément important dans sa stratégie de relance du gouvernement libéral à l'automne.

Avec le départ de Jacques Dupuis, Jean Charest perd un redoutable parlementaire, doté d'un esprit vif et d'un caractère bouillant. Dupuis était davantage un conseiller stratégique qu'un travailleur acharné. Il avait joué un rôle important dans les derniers mois pour faire obstacle aux velléités de l'opposition qui réclamait une commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Il avait aussi convaincu l'ex-juge de la Cour suprême Michel Bastarache d'accepter le mandat du gouvernement pour enquêter sur le processus de nomination des juges.

Au printemps, il avait été éclaboussé par la controverse autour de l'agence de sécurité BCIA. Il avait rencontré le patron Luigi Coretti, qui souhaitait que la Sûreté du Québec lui accorde un permis de port d'arme, qu'il a finalement obtenu.

Avec Dupuis, Jean Charest perd surtout un homme de confiance, bien enraciné au PLQ. Il avait été chef de cabinet de Pierre Paradis, puis de Daniel Johnson quand ce dernier était devenu chef de l'opposition. Normand Cherry lui a cédé sa circonscription de Saint-Laurent en 1998. Il a été critique en matière de sécurité publique, mais surtout, avec Thomas Mulcair, il a attaqué le gouvernement Landry sur le lobbyisme avant les élections de 2003 où le PLQ a pris le pouvoir.

Sa carrière a évolué en dents de scie, même s'il est toujours demeuré au coeur des décisions importantes. Il est devenu vice-premier ministre en 2005, mais a perdu le poste aux mains de Nathalie Normandeau deux ans plus tard. Même ses fonctions de leader parlementaire ont été confiées un moment à Jean-Marc Fournier. Il a récupéré ce poste stratégique après les élections de 2008.