Ce n'est pas une nouvelle vedette, mais plutôt un ancien homme de confiance que Jean Charest appelle en renfort à la suite de la démission de Jacques Dupuis, leader parlementaire et ministre de la Sécurité publique. Le premier ministre ramène Jean-Marc Fournier à Québec.

L'ex-ministre libéral sera candidat dans la circonscription abandonnée par Jacques Dupuis, Saint-Laurent, une forteresse libérale. «On va organiser les élections le plus rapidement possible», a annoncé le premier ministre.

M. Fournier avait décidé de ne pas se présenter aux élections de 2008. Dans un long discours, il a expliqué lundi qu'il revient à Québec à la demande de Jean Charest. Ces dernières années, M. Charest lui a souvent confié des missions délicates. Comme ministre des Affaires municipales, il avait géré les défusions municipales. Il était également leader parlementaire lorsque les libéraux étaient minoritaires.

Durant sa «pause», M. Fournier a occupé les postes de vice-président principal en planification stratégique de Socodec, une filiale de SNC-Lavalin, puis de secrétaire principal du chef du PLC, Michael Ignatieff.

M. Charest n'a pas voulu dévoiler le portefeuille qu'il lui confiera après sa probable élection ni commenter le remaniement ministériel prévu. «On va procéder dans l'ordre», s'est-il contenté de dire.

D'ici là, Laurent Lessard, ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire, occupera aussi les fonctions de Jacques Dupuis par intérim.

«Rendu à autre chose»

Jacques Dupuis se retire après une session parlementaire très mouvementée. Il a dû se défendre d'être intervenu personnellement pour permettre au patron de l'agence de sécurité BCIA, Luigi Coretti, d'obtenir un permis de port d'arme.

Y a-t-il un lien avec son départ? «Absolument pas», insiste-t-il. Il s'agirait plutôt d'une décision personnelle. «J'ai 61 ans, j'ai 20 ans de vie politique dans le corps, dont 12 ans comme député et 7 ans avec des responsabilités conjuguées. Je suis rendu à autre chose.»

Il a entamé sa réflexion «il y a quelques mois». Il n'a pas encore entrepris de démarche pour trouver un nouvel emploi. M. Dupuis assure quitter le gouvernement «en très bonne santé» et avec «le sentiment du devoir accompli». Jusqu'à son ultime conférence de presse, il a refusé de mettre sur pied une enquête publique sur l'industrie de la construction comme le réclament les partis de l'opposition.

Jean-Guy Dagenais, président de l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec, indique que les relations avec M. Dupuis étaient passées de «cordiales à simplement polies» à la fin de son mandat de cinq ans - un record - comme ministre de la Sécurité publique. «Une des raisons à cela, c'était son opposition à l'enquête publique (sur la construction)», explique M. Dagenais.

L'opposition critique le retour d'un visage familier au gouvernement. «C'est le signe d'un gouvernement qui est de plus en plus fatigué, usé», a lancé le péquiste Bertrand St-Arnaud, député de Chambly, en entrevue à RDI. Il a aussi critiqué la pugnacité de Jacques Dupuis en Chambre, qui ne «contribuait pas à créer un climat de collaboration».

Sur la même tribune, Amir Khadir a pour sa part salué les qualités personnelles de M. Dupuis.

Selon le député de Québec solidaire, M. Dupuis avouait lui-même qu'il avait adopté une «mauvaise foi assumée».

Sylvie Roy, leader parlementaire de l'ADQ et porte-parole en matière de sécurité publique, y voit le signe d'un gouvernement affaibli. «Le départ de son leader parlementaire, l'homme fort de son cabinet, démontre une fois de plus que le gouvernement libéral est en déroute», a-t-elle indiqué par voie de communiqué.

Selon un calcul de la Ligue des contribuables du Québec, Jacques Dupuis part avec une pension de 149 429 $. Le premier ministre a dit pour sa part qu'il ne connaissait pas le montant précis de la pension, mais il a assuré que tout se faisait selon les normes.