La moitié des ministres du gouvernement Charest ont changé de responsabilité, mercredi, mais l'opération de «redéploiement» ministériel s'est résumée à un vaste jeu de chaises musicales.

En dehors de Jean-Marc Fournier, dont le retour a été annoncé lundi, il n'y aura pas de nouvelle figure autour de la table du Conseil puisque aucun député n'a obtenu de promotion. En revanche, personne chez les ministres n'a été relégué aux oubliettes. Comme prévu, Jean Charest a choisi le 13 septembre pour la tenue de l'élection complémentaire dans Saint-Laurent.

M. Fournier, futur leader parlementaire, a promis un changement de ton à l'Assemblée nationale. Les débats «doivent être vigoureux mais respectueux», a-t-il dit. Les débordements donnent «place au cynisme, qui diminue la crédibilité de l'État», croit M. Fournier.

Étrangement, l'ancien président de l'Assemblée nationale Michel Bissonnet n'a jamais caché qu'il quittait son poste parce qu'il était exaspéré du comportement de Fournier comme leader quand les libéraux étaient minoritaires. L'ancien conseiller de Michael Ignatieff, qui a renoué avec le PLQ au mois de juin dernier, a annoncé mercredi ses couleurs: en Chambre, «une insinuation répétée ne devient pas une question», a-t-il prévenu.

Promotions

Grande gagnante de l'opération, Michelle Courchesne passe de l'Éducation au poste névralgique du Conseil du Trésor, «un ministère où j'aurai l'occasion de me rapprocher de mes collègues», a-t-elle dit. Line Beauchamp aussi prend du galon: elle laisse l'Environnement pour diriger le réseau de l'Éducation.

Des promotions aussi pour Sam Hamad, qui obtient ce qu'il réclamait - les Transports - et qui laisse volontiers l'Emploi à Julie Boulet.

M. Hamad a expliqué à La Presse que son passé - il a été vice-président de Roche, une importante firme de génie-conseil - ne l'expose pas aux critiques. Les contrats seront accordés «en toute transparence» avec un respect scrupuleux des règles éthiques. Il a aussi fait valoir que, à titre d'ingénieur, sa connaissance des dossiers sera utile.

Le vétéran Robert Dutil est catapulté du Revenu à la Sécurité publique; ce parlementaire flegmatique sera aussi leader adjoint. Pierre Arcand passe des Relations internationales à l'Environnement - une promotion, mais ce n'est pas encore le poste économique que convoite cet homme d'affaires.

Lise Thériault, qui était ministre déléguée aux Services sociaux, devient ministre du Travail. Dominique Vien, qui était aux Services gouvernementaux - une structure qui passe sous la responsabilité de Mme Courchesne - reste ministre déléguée, aux Services sociaux cette fois.

Yolande James obtient la Famille, où elle avait remplacé Tony Tomassi au pied levé au mois de juin dernier. Elle cède l'Immigration à Kathleen Weil, rétrogradée de la Justice. En fin de carrière, Monique Gagnon-Tremblay retourne à la sinécure des Relations internationales, après avoir conclu cet été les négociations avec le secteur public. Changement homéopathique pour Raymond Bachand: il reste aux Finances mais obtient le Revenu en prime.

Selon Jean Charest, il s'agit d'un «redéploiement» de l'équipe gouvernementale. Le Conseil des ministres est réduit - on passe de 26 à 24 limousines - mais, surtout, on rétablit la parité entre les hommes et les femmes. L'équilibre avait disparu avec le départ de Monique Jérôme-Forget, au printemps 2009, et l'arrivée de Clément Gignac au Développement économique.

Charest appuie Bolduc

Mercredi, lors de la cérémonie au salon Rouge, le premier ministre Charest a tenu à réitérer son appui au ministre de la Santé, Yves Bolduc: «Il a tout notre appui et notre confiance», a-t-il dit.

Seul parmi les ministres «intouchés» à s'adresser aux journalistes, M. Bolduc a soutenu que jamais on ne lui avait offert un autre ministère, pas plus qu'il n'a menacé de claquer la porte si on lui enlevait la Santé. La Presse avait indiqué la veille qu'on lui avait proposé la Famille et qu'il a refusé. Des sources fiables indiquent aussi que Line Beauchamp avait été pressentie pour la Santé.

Personne n'est redevenu simple député. Toucher à des ministres comme Norm MacMillan (délégué aux Transports) ou Serge Simard (délégué aux Mines) supposait d'amener de nouveaux ministres pour maintenir la représentation de l'Outaouais ou du Saguenay. Sans nouvelle figure, il était plus facile d'expliquer aux députés qui se trouvent dans l'antichambre du Conseil qu'ils devront patienter encore. Joint mercredi, Alain Paquet, de Laval-des-Rapides, a refusé de s'engager à terminer son mandat. «Ce que je dis, c'est que je continue mon travail actuellement», s'est-il limité à répéter. Il est en congé sans solde de l'UQAM. Comme Pierre Moreau, il était présent à la cérémonie de prestation de serment, mercredi. L'avocat Moreau avait pour sa part une côte à remonter avant d'entrer au Conseil: il a irrité Jean Charest en demandant à ses organisateurs de ne pas lever le petit doigt pour Simon-Pierre Diamond, son ancien adversaire, devenu candidat libéral à la complémentaire de Vachon, en juillet dernier.