Les généreuses allocations de transition versées aux ministres et députés commencent à créer un malaise dans la classe politique.

L'aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) et l'Action démocratique (ADQ) remettent en question les primes de départ offertes aux élus qui quittent la vie politique, surtout quand ils le font de leur plein gré en cours de mandat.

C'est ce qu'a fait en début de semaine l'ex-ministre Jacques Dupuis, qui a tiré sa révérence avec en poche la somme de 150 000 $, à titre d'allocation de transition.

Avant lui, l'ex-ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avait fait de même, tout comme l'ex-député péquiste Camil Bouchard et l'ex-chef adéquiste Mario Dumont, notamment.

Fin 2008, c'était au tour de Jean-Marc Fournier d'annoncer son départ et d'empocher 145 000 $, dans le but de se «ressourcer» avant d'effectuer un retour, cette semaine, et d'être nommé ministre de la Justice.

Il sera aussi candidat dans Saint-Laurent, lors d'une complémentaire qui devrait coûter quelque 600 000 $ aux contribuables, une élection rendue nécessaire par le départ de Jacques Dupuis.

L'ADQ de Gérard Deltell voudrait que la loi soit revue de manière à pénaliser les députés et ministres qui quittent leur fonction en cours de mandat. Leur prime de départ serait donc réduite.

«Si on décide en cours de chemin de quitter ses fonctions, il y a un prix à payer pour ça», a estimé M. Deltell, en entrevue téléphonique.

La Ligue des contribuables va plus loin, en réclamant que les primes de départ soient abolies, dans le cas d'un départ volontaire en cours de mandat. Selon elle, ces primes sont de véritables incitatifs à quitter la politique.

«On aimerait que la loi soit modifiée pour qu'un député qui quitte en cours de mandat n'ait pas le droit à cette allocation», a tranché sa porte-parole, Claire Joly, qui estime que le système de rémunération des députés a «complètement dérapé» en cours de route.

Quant à eux, les jeunes du PLQ abordent la question de façon plus globale, en souhaitant que l'ensemble des conditions de rémunération, incluant les primes de départ, soit à l'avenir déterminé par un comité indépendant.

Ils en discuteront d'ailleurs ce week-end, durant leur congrès annuel, qui se tient près de Québec. Une demande en ce sens devrait être formulée au gouvernement au terme de leurs travaux.

Car les élus ne devraient pas fixer eux-mêmes leur salaire, selon le président de l'aile jeunesse du PLQ, Julien Gagnon.

Il devrait donc revenir à un comité complètement indépendant du gouvernement de «déterminer le juste salaire» des élus, a-t-il commenté, cette semaine, en conférence de presse.

De son côté, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, ne remet pas en question l'allocation de transition.

«Tous ceux qui ont quitté, qu'ils soient revenus ou pas, ont fait la même chose», a-t-il dit, lors d'un bref entretien, cette semaine, en ajoutant que cela faisait partie des «conditions d'engagement».

Même s'il a quitté pour mieux revenir 21 mois plus tard, il n'est donc pas question qu'il rembourse un sou à l'État. «C'est comme si je renonçais au salaire. Ça fait partie du salaire», dit-il.

Cette allocation de transition a été accordée par le gouvernement de René Lévesque en 1982, dans le but de donner un coup de pouce aux élus qui ont parfois de la difficulté à réorienter leur carrière après une défaite électorale.

Selon la loi actuelle, quand il quitte, l'élu a droit au paiement de deux mois de salaire par année de service, jusqu'à concurrence d'un an de salaire.

Il n'existe aucune restriction, même si un ministre quitte en début de mandat ou s'il y a déjà un poste qui l'attend dans l'administration publique.

Depuis le scrutin de décembre 2008, la facture des primes de départs s'élèverait déjà à 3,6 millions de dollars, selon les calculs de la Ligue des contribuables.