S'il n'en tient qu'aux jeunes libéraux, le Directeur général des élections (DGEQ) servira d'intermédiaire entre les partis politiques et leurs donateurs. Et la langue de bois sera interdite à l'Assemblée nationale.

Deux mois après la fin d'une session parlementaire particulièrement houleuse, la Commission-Jeunesse du Parti libéral a adopté une série de mesures pour resserrer l'éthique au gouvernement, samedi, lors de son congrès annuel.

«Même si nous avons l'une des lois les plus sévères, les plus progressistes dans le monde en matière de financement des partis politiques, les gens ont perdu confiance en la capacité de cette loi de sanctionner les coupables, de trouver les fautifs et de les punir comme il se doit», a plaidé le coordonnateur aux affaires politiques de l'organisme, Jérôme Turcotte.

Les délégués ont voté en faveur d'une réforme en règle du système de financement politique. Ils souhaitent que les dons de plus de 20$ en comptant soient interdits. Le DGEQ serait chargé de collecter les sommes, et de les remettre aux partis après en avoir vérifié la légalité. Il verrait aussi ses pouvoirs renforcés afin d'améliorer ses enquêtes.

Les jeunes libéraux ont aussi adopté une proposition qui donnerait d'importants pouvoirs au président de l'Assemblée nationale, afin qu'il puisse sanctionner les élus qui esquivent les questions qui leur sont posées en chambre. En contrepartie, les partis d'opposition donneraient leurs questions au gouvernement 12 heures à l'avance.

Le financement politique s'est souvent trouvé au coeur d'échanges musclés à l'Assemblée nationale, le printemps dernier. Le gouvernement libéral a été critiqué pour avoir refusé de mettre en place une enquête publique sur l'industrie de la construction. L'opposition l'a également accusé de favoritisme dans l'attribution des places en garderie. L'ancien ministre Marc Bellemare a remis en cause l'honnêteté des dirigeants du PLQ et le processus de nomination des juges. Puis, le ministre Tony Tomassi a été congédié pour avoir utilisé une carte de crédit de la firme BCIA.

Un sondage Angus Reid-La Presse a révélé samedi que les deux tiers des Québécois souhaitent le départ de Jean Charest. Et 55% d'entre eux estiment que la chef de l'opposition, Pauline Marois, devrait laisser sa place elle aussi. Ce résultat témoigne du cynisme de la population à l'égard des politiciens, selon le président de la Commission-Jeunesse, Julien Gagnon.

Une mesure anti-briseurs de grève

Les délégués ont également appuyé une proposition qui modifierait le code du travail afin de changer la définition de briseur de grève. Si le gouvernement y donne suite, la mesure changerait la donne dans le conflit de travail qui affecte le Journal de Montréal depuis plus d'un an et demi.

La loi prévoit en effet qu'un employé doit se trouver physiquement sur les lieux d'une entreprise en lock-out pour être considéré comme un briseur de grève. Or, l'informatique permet maintenant aux journaux d'être produits à distance.

«Il est temps qu'on mette à jour le Code du travail pour qu'il reflète cette réalité», a soutenu le délégué Jérémie Gravel.

Les jeunes libéraux souhaitent changer la loi antiscab afin qu'elle s'applique aux individus qui effectuent le travail d'un employé en grève ou en lock-out. Et ce, même s'ils opèrent hors de l'établissement touché par le conflit de travail.

Sitôt tombée, la décision a été saluée par la FTQ.