Le Directeur général des élections (DGE) va de l'avant avec sa refonte de la carte électorale, au grand dam du gouvernement Charest mais à la satisfaction du Parti québécois. Ou plutôt d'une partie du PQ, puisque certains députés sont en désaccord avec leur chef, Pauline Marois.

Aux prochaines élections générales, trois circonscriptions peu densément peuplées disparaîtront, en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent et dans Chaudière-Appalaches. Trois autres s'ajouteront au nord et au sud de Montréal, là où la croissance démographique l'exige. La carte électorale comptera toujours 125 circonscriptions, le maximum prévu par la loi.

Hier, le DGE et président de la Commission de la représentation électorale, Me Marcel Blanchet, a commencé à entendre les doléances des députés sur les changements qu'il a proposés - l'une des dernières étapes avant l'entrée en vigueur de la nouvelle carte électorale.

Mais il en a fallu, du temps, et il y en a eu, des débats, avant que le DGE puisse aller de l'avant. Me Blanchet avait présenté sa nouvelle carte il y a deux ans et demi. Le gouvernement Charest s'y était opposé parce qu'elle aurait eu pour conséquence, selon lui, de réduire le poids des régions. Le DGE avait tenu des consultations et modifié quelque peu sa proposition.

Toujours opposé à la réforme, le gouvernement Charest a déposé un projet de loi l'an dernier pour préserver les trois circonscriptions condamnées par le DGE. Le nombre de circonscriptions devait passer à au moins 128 ou 132, voire plus, selon l'opposition.

Or, au printemps dernier, le Parti québécois a rejeté ce projet de loi. Le gouvernement Charest a décidé de l'abandonner tout récemment.

Le DGE est ainsi redevenu «roi et maître» de la refonte de la carte électorale, pour reprendre l'expression du ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Robert Dutil. «Les jeux sont faits, malheureusement, a-t-il laissé tomber hier. S'il n'y a pas consensus à l'Assemblée nationale sur quelque chose d'aussi important que la carte électorale, il faut laisser le processus tel qu'il est actuellement. C'est ce qu'on a décidé de faire malgré notre opposition.» Il accuse le PQ d'avoir «abandonné les régions».

Selon le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, le projet de loi du gouvernement «ne tenait pas la route», aurait entraîné une «augmentation automatique» du nombre de circonscriptions. «On ne commencera pas, au Québec, à ce que ce soit les députés qui décident de la délimitation de leur comté, a-t-il affirmé. La loi dit que le DGE doit faire son travail, et je pense qu'il doit le faire.»

La loi dit que le nombre d'électeurs par circonscription ne doit pas être inférieur ou supérieur à 25% de la moyenne québécoise. Or, 27 circonscriptions ne respectent pas cette règle à l'heure actuelle. Le DGE veut également corriger certaines iniquités. Par exemple, un vote pèse deux fois plus lourd dans Gaspé (27 000 électeurs) que dans Masson (64 000 électeurs), dans Lanaudière.