Même 40 ans plus tard, la crise d'Octobre provoque encore des tensions à l'Assemblée nationale.

Jeudi, le gouvernement libéral et l'opposition péquiste ont adopté non pas une, mais deux motions pour souligner les tristes événements. Ils n'ont pu s'empêcher de se déchirer sur le sens à donner à ce chapitre sombre de l'histoire du Québec.

Le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, est même sorti de ses gonds dans un débat de procédures.

«Malheureusement, il aurait été l'occasion, au moins pour une fois, qu'on parle ensemble sur quelque chose d'important, a-t-il semoncé. Le premier ministre veut faire sa motion, nous en aurons une aussi. Nous allons l'appuyer. Qu'il fasse le débat, et nous ferons la nôtre, qui, elle, respecte l'esprit et ce qu'on aurait dû faire dans cette Assemblée au moment où il y avait de la dignité dans cette Assemblée-là.»

Laconique, la motion déposée par le premier ministre Jean Charest demande à l'Assemblée nationale de se souvenir des «circonstances tragiques qui ont mené à la mort du ministre Pierre Laporte».

Or, Stéphane Bédard était furieux de n'avoir pu consulter le libellé final avant le débat, puisque son parti voulait faire mention de l'imposition de la Loi des mesures de guerre, ainsi que de la suspension des libertés civiles, pour en arriver à une seule motion unanime.

Dans son intervention en Chambre, M. Charest a rappelé en dates les événements d'octobre 1970, mais a surtout longuement décrit la carrière et la triste fin de M. Laporte. Il a toutefois souligné que 4500 résidences sont été fouillées et 500 personnes arrêtées.

À son tour, la chef péquiste Pauline Marois a soulevé qu'il y avait eu d'autres victimes, en plus de M. Laporte. Elle a évoqué l'enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross, mais aussi «des victimes dont le nom ne figure pas dans les livres d'histoire».

«Je pense aussi aux centaines de personnes arrêtées injustement dans la foulée de ces événements, a-t-elle déclaré. (...) Des étudiants, des travailleurs, des leaders syndicaux, des poètes ont été arrêtés, eux aussi pénalisés d'être (sic) simplement actifs dans une société qu'ils s'employaient à changer.»

Selon elle, des excuses devraient être présentées aux personnes détenues sans mandat et à leurs familles.

Après l'adoption de la motion libérale, l'opposition a déposé sa motion, qui rappelle, outre la mort de M. Laporte, «l'imposition de la Loi des mesures de guerre et la suspension des libertés civiles et individuelles».

Elle a aussi été adoptée à l'unanimité.