Après la saignée aux élections de 2008, le départ de Mario Dumont et le passage météoritique de Gilles Taillon à la direction du parti, l'ADQ assure qu'elle se redresse.

Le parti de Gérard Deltell compte maintenant 12 000 membres. «Ce n'est pas une décroissance ni une grande croissance, mais on se maintient», se réjouit son président, Christian Lévesque.

C'est moins que le sommet de 15 000 membres atteint en 2007 et moins aussi que le nombre de membres que disent avoir le PQ et le PLQ (respectivement 110 000 et de 70 000 à 100 000 membres).

L'ADQ respire mieux depuis qu'elle a remboursé sa dette de plus de 100 000$. Elle n'utilise plus sa marge de crédit.

Elle a présenté hier le programme de son prochain congrès, une semaine à l'avance, un statement, juge M. Lévesque.

Le président observe que la droite prend plus de place depuis quelques mois dans le débat public, avec la naissance du Réseau Liberté-Québec (RLQ) et les discussions sur le mouvement politique amorcé par François Legault. Il croit que l'ADQ constitue le meilleur «véhicule politique» pour ces idées.

Quelque 400 personnes sont attendues au congrès qui aura lieu le week-end prochain à Granby. La première rencontre du RLQ, à Québec, en avait attiré 450.

L'ADQ n'y traitera pas beaucoup d'économie. Elle s'attardera davantage à des questions qui transcendent le clivage gauche-droite. Le congrès, intitulé Rétablir la confiance, abordera trois grands thèmes: l'éthique, la gouvernance et la démocratie.

Changer les institutions

La première proposition porte sur la commission d'enquête sur l'industrie de la construction que réclament les partis de l'opposition.

Mais l'ADQ ne suggère pas seulement de traquer et de sanctionner ceux qui profitent du système; elle veut changer les institutions pour les rendre plus légitimes et transparentes.

Parmi ses idées: créer un organisme indépendant qui fera le placement des employés sur les chantiers de construction. C'est ce qu'avait recommandé la commission Cliche, il y a 35 ans. «Même Claudette Carbonneau nous appuie, là-dessus», lance le chef de l'ADQ, Gérard Deltell.

Son parti veut aussi changer le processus de nomination des juges et élargir les pouvoirs du vérificateur général pour que ce dernier puisse montrer du doigt le gaspillage de ressources dans les sociétés d'État.

L'ADQ propose aussi une petite révolution dans les institutions démocratiques du Québec. Par exemple, il suggère que le premier ministre soit élu au suffrage universel. «Ça augmenterait sa légitimité», soutient M. Deltell. Autres suggestions du programme adéquiste: des élections à date fixe (le premier dimanche d'octobre, tous les quatre ans) et un scrutin proportionnel mixte.

Les députés ne seraient pas tenus à la ligne de parti, sauf pour les votes de confiance. «Ça empêcherait que les députés soient réduits à de simples machines à voter avec leur parti», lance M. Deltell. Il assure que cela ne créerait pas un «Parlement à l'italienne».

La population pourrait aussi faire des référendums sur divers sujets. Les contributions maximales à un parti passeraient de 3000$ à 1000$ par année.

L'ADQ soumettra à ses membres d'autres propositions, notamment sur le bilinguisme dans les écoles, l'interdiction pour les municipalités de taxer l'essence et une loi sur l'identité et la citoyenneté québécoises.

Hier matin, peu avant la conférence de presse de l'ADQ, les grands syndicats (CSN, FTQ, etc.) et les mouvements étudiants avaient annoncé la formation d'une nouvelle coalition, l'Alliance sociale, qui veut se dresser contre la «montée de la droite» et son travail «d'intoxication» sur les Québécois.

«On ne leur laissera pas tout l'espace», a dit la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.