Les libéraux provinciaux semblait avoir syntonisé radio-nostalgie samedi en fin de journée. Un peu de beaume sur les heures difficiles que traverse le gouvernement Charest dans l'opinion du public et la controverse sur l'industrie de la construction; les militants ont eu droit à un rappel réconfortant du retour au pouvoir de Robert Bourassa, le 2 décembre 1985, il y aura bientôt 25 ans.

«Nous vivons aujourd'hui dans le Québec qu'avait rêvé Robert Bourassa», a soutenu hier en fin de journée Jean Charest aux 500 militants du conseil général réunis à Lévis. Depuis sa contribution à la politique québécoise, «nous savons que les solutions aux défis du Québec ne dépendent pas de son statut mais de sa stature», a-t-il dit.

L'ex-conservateur a rappelé l'appui audacieux de Robert Bourassa au libre-échange avec les États-Unis initié sous Brian Mulroney. «Bourassa a brisé la glace, nous a débarrassés de la peur» a soutenu M. Charest.

Journée difficile

C'était un moment de grâce dans une journée bien difficile pour les libéraux. Plus tôt, les militants avaient refusé catégoriquement de débattre de l'opportunité de déclencher une enquête sur l'industrie de la construction. Un silence glacial s'était abattu sur la salle quand un militant de Groulx, Martin Drapeau, a demandé si quelqu'un seconderait sa proposition en faveur d'une telle enquête. À défaut d'appui, sa proposition destinée à «crever l'abcès» a été reléguée aux oubliettes.«On entend dire souvent qu'il ne faut pas faire exprès pour perdre les élections. Mais je pense qu'au stade où on en est, même s'il n'y a pas de commission d'enquête, les chances sont fortes qu'on soit dans le trouble assez rapidement», a laissé tomber M. Drapeau impassible après la défaite.

Quelques minutes plus tard, l'attaque est venue de Granby où l'ADQ tenait son congrès. Le chef adéquiste Gérard Deltell a associé Jean Charest au «parrain» du PLQ, une allusion très claire au dirigeant de la mafia italienne. Nathalie Normandeau, vice-première ministre a été envoyée au combat pour réclamer des excuses immédiates du chef adéquiste «qui dérape et déraille» a-t-elle dit.

Eaux plus calmes

On comprend qu'avec le long hommage à Robert Bourassa, les militants libéraux voulaient clairement naviguer dans des eaux plus calmes. Une demi-douzaine d'anciens compagnons d'armes sont venus témoigner, Jean Masson, l'organisateur, de sa détermination stupéfiante à revenir en politique moins de deux ans après la défaite de novembre 1976. L'ancien chef de cabinet, Mario Bertrand, de sa détermination inébranlable, chez un politicien qu'on disait pourtant «malléable». «Vous ne pourrez pas trouver un «clip» de plus de 30 secondes où il ne prononce pas le mot économie» a-t-il ajouté.

Pour Jean-Claude Rivest, l'alter ego du regretté premier ministre M. Bourassa, ce dernier a toujours été convaincu que «le progrès social, l'affirmation culturelle de l'identité québécoise était conditionnelle à son niveau de développement économique».

Avec la longue liste d'intervenants, Lise Bacon, Monique Gagnon Tremblay et Ronald Poupart ont aussi contribué à l'hommage, l'ancienne présidente des jeunes du PLQ, Marie Gendron a de son côté souligné l'apport de Jean Charest, qui a permis de «voir ce qu'il y a en avant».

Ronald Poupart a aussi relevé que la position du Québec au Sommet de la Francophonie à Montreux cet automne était redevable aux précédents qu'avait su créer Robert Bourassa au premier sommet francophone, en faisant que le Québec puisse se prononcer sur des questions débordant ses compétences provinciales.

Marie Gendron a trouvé que ses constantes références à l'économie n'étaient pas suffisamment «sexy» au goût des jeunes libéraux, «je suis plutôt cérébral» lui avait dit, amusé l'ancien premier ministre affalé dans son fauteuil.

Plus tôt les militants avaient souligné la contribution d'un militant d'exception, George Boudreault, un organisateur de Montréal, qui en est à sa cinquantième année de bénévolat au PLQ. Le récipiendaire du prix Lucienne Saillant a commencé comme militant à l'époque de Jean Lesage.