Jean Charest relativise la pétition qui demande sa démission. À 19h, moins de 36 heures après son dépôt sur le site de l'Assemblée nationale, la pétition avait déjà été signée par plus de 100 000 citoyens. 



«Les gouvernements sont souvent appelés à prendre des décisions difficiles qui peuvent être contestées», a simplement indiqué le premier ministre. Selon lui, le désaccord est inévitable en démocratie, et on ne peut demander le départ d'un chef de gouvernement dès qu'il y a mécontentement. 

M. Charest a encore une fois indiqué qu'il préférait les enquêtes policières à une enquête publique sur l'industrie de la construction. Ce refus est la première de trois raisons invoquées par les pétitionnaires pour demander sa démission. (Détails ici)

«La réponse importante de la population, c'est les élections», a ajouté le whip en chef du PLQ, Pierre Moreau. Il laisse entendre que les pétitions sur internet, qui existent depuis un peu plus d'un an, facilitent la contestation. 

En décembre 2008, aux dernières élections, 3 246 333 Québécois avaient voté. Les pétitionnaires comptaient donc mardi soir pour un peu plus de 3% de ces électeurs.

Plus fiable qu'une version papier

Selon Jean-Philippe Laprise, conseiller en communications à  l'Assemblée nationale, les pétitions en ligne sont plus fiables que celles en version papier.

«On est protégé contre les logiciels qui permettraient de cliquer automatiquement pour signer», indique-t-il. En effet, chaque signataire doit retranscrire un code qui change lorsque la page est réactivée. Il faut aussi inscrire son nom, adresse civique, adresse courriel et code postal. Une fois la pétition signée, une demande de confirmation est  envoyée à cette adresse courriel. Il faut cliquer sur cette demande pour que sa signature soit comptabilisée.

«De cette façon, on empêche qu'un signataire utilise une fausse adresse pour mettre son nom plusieurs fois. Et on empêche aussi qu'un signataire utilise deux fois la même adresse. Si c'est le cas, la demande de confirmation sera bloquée.»

Il existe toutefois une faille. Un internaute pourrait utiliser différentes adresses valides, et s'enregistrer sous un faux nom. M. Laprise dit que l'Assemblée se protège de trois façons: des employés vérifieront dans les prochaines semaines si des noms frivoles sont utilisés. «De tels noms pourraient déjà être en ligne, mais on va fouiller ça dans les prochaines semaines», indique M. Laprise. 

Les deux autres protections: si un nom se répète anormalement souvent, des employés pourraient faire des vérifications. Et enfin, il y a le code d'honneur rappelé au bas de la pétition. «Bien sûr, ce n'est pas infaillible. Mais c'est plus fiable qu'une pétition papier», dit-il.  

La pétition restera en ligne jusqu'au 15 février. M. Laprise indique qu'elle devrait être «conforme» quand elle sera déposée en chambre. Selon lui, il s'agirait de la première fois qu'une pétition est déposée pour demander la démission d'un premier ministre. 

La pétition est une initiative du Mouvement citoyen national du Québec (MCNQ). Elle a été parrainée par le député Amir Khadir. Elle est si populaire qu'elle fait souvent bloquer le serveur de l'Assemblée nationale depuis lundi. 

L'Assemblée nationale tient un registre des pétitions depuis décembre 2001. Après vérifications approfondies, l'Assemblée nationale a confirmé que la pétition la plus volumineuse déposée depuis 2001 comptait plus de 200 000 signatures. Elle date de 2005, et portait sur les CPE. Il avait fallu plusieurs semaines pour amasser ces signatures. 

Avant la tenue de ce registre, selon nos recherches, les deux plus importantes pétitions comptaient chacune un peu plus de 700 000 signatures. La première protestait contre le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne. La deuxième, en 1992, demandait au premier ministre Bourassa de déclencher un référendum. Organisée entre autres par le PQ, la campagne de récolte de signatures avait duré plus de six mois.