Crucial pour les deux principaux partis en lice, le verdict des électeurs de Kamouraska-Témiscouata n'est pas encore rendu. Si les élections avaient eu lieu le week-end dernier, les candidats libéral et péquiste se seraient retrouvés presque à égalité.

Les résultats obtenus par la maison CROP, dans une enquête réalisée pour La Presse jeudi, vendredi et samedi derniers en vue de l'élection complémentaire de lundi prochain, font écho au constat des deux machines partisanes: la course est extrêmement serrée.

Selon le sondage fait par téléphone auprès de 400 résidants de la circonscription, la candidate libérale France Dionne récolte 34% des intentions de vote, contre 32% pour son principal rival, le candidat péquiste André Simard, une fois répartis les 13% d'indécis.

Dans cette circonscription, voisine de l'ancien fief de Mario Dumont, l'Action démocratique obtient un score surprenant. Ainsi, 25% des électeurs appuieraient Gérald Beaulieu, le candidat qui avait fait fondre de 4700 à 750 voix la majorité de Claude Béchard aux élections générales de 2007. Aux élections de 2008, atteint du cancer, le regretté député avait pu compter sur un important capital de sympathie; sa majorité avait grimpé à 6600 voix.

Le PLQ en bonne position

Pour l'analyste de CROP Youri Rivest, si on peut dire que «les deux principaux candidats sont au coude à coude», d'autres éléments du sondage permettent de conclure que «les libéraux sont en meilleure position».

D'abord, chez les 13% d'indécis, on constate la présence d'un grand nombre de personnes de plus de 55 ans, une clientèle chez laquelle les libéraux ont habituellement l'avantage.

Mais surtout, CROP a fait l'effort de départager, parmi les répondants, ceux qui se disaient «certains» d'aller voter de ceux qui avaient moins l'intention de se rendre au bureau de vote. Ici, le clivage est plus net que dans l'intention de vote globale. Parmi ceux qui sont «certains» d'aller voter à l'élection complémentaire, 37% sont en faveur de la candidate libérale, et 31% sont derrière le candidat péquiste. Selon Youri Rivest, «la base militante libérale est plus mobilisée (que celle des autres partis); c'est le défi du PQ et de l'ADQ de faire sortir leur vote», un facteur important dans une partielle où le taux de participation est chroniquement bas.

«Ces chiffres laissent croire que Mme Marois et le PQ n'ont pas été capables de canaliser toute l'insatisfaction ambiante.»

À cause de la force de l'ADQ, le PQ avait terminé en troisième place aux trois dernières élections générales, en 2008, en 2003 et en 1998, dans cette circonscription que les libéraux détiennent depuis 1985.

Taux de participation

Pas moins de 59% des répondants affirment qu'ils iront voter, proportion sans doute supérieure à ce qu'on retrouvera dans l'urne le 29 novembre, selon l'analyste de CROP. Les deux élections complémentaires tenues cette année - Vachon et Saint-Laurent - ont eu des taux de participation respectifs de 29% et 22%. Toutefois l'année précédente, dans Rivière-du-Loup, 61% des électeurs s'étaient déplacés pour l'élection complémentaire qui avait permis à l'ancien maire Jean D'Amour de devenir député libéral à l'Assemblée nationale.

Les voteurs «probables» se répartissent plus également entre la candidate libérale (27%) et le candidat péquiste (31%). Enfin, 40% des gens qui n'ont pas l'intention d'aller voter sont d'allégeance péquiste, mais on parle ici d'un groupe réduit: une trentaine de personnes.

En outre, les querelles récentes survenues dans la circonscription entre Mme Dionne et M. Simard sont de nature à favoriser le désabusement ambiant «et à inciter les gens à ne pas aller voter», fait remarquer Youri Rivest. Or, une faible participation serait une bien mauvaise nouvelle pour le PQ, ajoute-t-il.