Une autre histoire de financement illicite éclabousse le Parti libéral du Québec (PLQ). David Grégoire, candidat libéral défait dans Masson, a déclaré hier soir sur les ondes de Radio-Canada qu'il avait accepté à deux reprises des sommes importantes d'argent comptant au cours de sa campagne électorale en 2008.

À ce moment, explique le reportage, M. Grégoire était âgé de 24 ans. Il s'est joint au PLQ après avoir été recruté par l'organisateur libéral Georges Boudreault. Ce dernier affirme que c'est le maire de Mascouche, Richard Marcotte, qui lui avait proposé la candidature de M. Grégoire.

Le 28 novembre 2008, David Grégoire aurait rencontré le directeur général de la Ville de Mascouche, Luc Tremblay, à son bureau. Selon la version des faits de M. Grégoire, M. Tremblay lui aurait alors offert une enveloppe remplie de billets de banque. «Il me tend une enveloppe blanche cachetée avec, écrit au crayon de plomb, en petit dans le coin, 3000. C'était de l'argent, clairement. Je lui ai demandé: «C'est quoi ça?» Et il a dit: «On sait que ça pourrait t'être utile et c'est notre contribution.» J'étais déstabilisé, j'étais surpris de cela», a-t-il confié au reporter Pierre Duchesne. «Aussitôt que tu as l'enveloppe dans les mains, il est déjà un peu trop tard», a-t-il ajouté.

Quelques jours plus tard, l'entrepreneur Luigi Salvatore se serait rendu au local électoral de M. Grégoire. Il lui aurait offert une liasse de billets. Selon M. Grégoire, cette somme était destinée à son organisateur, Alain Gauthier. Lorsque M. Grégoire a donné les billets à M. Gauthier, celui-ci aurait alors affirmé: «Georges (Boudreault) remplit sa promesse! C'est bien.»

Georges Boudreault, Luc Tremblay, Alain Gauthier et Luigi Salvatore ont tous catégoriquement nié les allégations de David Grégoire.

Dans un communiqué publié en soirée, le PLC a réagi en qualifiant le reportage de surprenant, faux et sensationnaliste.

«J'ai occupé les fonctions d'agent officiel de David Grégoire pendant l'élection générale de 2008. Je confirme que nous avons respecté minutieusement et à la lettre la loi électorale ainsi que tous les règlements du Directeur général des élections. Jusqu'à aujourd'hui, jamais, jamais, le candidat David Grégoire ne m'a mentionné ce qu'il affirme aujourd'hui», a déclaré dans le communiqué le président de l'association du comté de Masson, Marc Thompson.

«Toutes les dépenses et toutes les sources de revenus liées à la campagne électorale ont été déclarées, factures et reçus à l'appui. Il y a des limites à prétendre n'importe quoi au nom du sensationnalisme», a-t-il ajouté.

Avec son témoignage, l'ex-candidat s'incrimine. Il s'expose à des accusations, car, en acceptant l'argent, il a violé la Loi électorale. Puisque les faits allégués remontent à 2008, le délai de prescription pour que le Directeur général des élections du Québec enquête sur l'affaire n'est pas expiré.

Interrogé sur sa sortie publique, M. Grégoire a affirmé: «Se taire, c'est encourager le système d'enveloppes brunes, au fond.»

Rappelons qu'il y a une semaine, le député du Bloc québécois Serge Ménard a révélé sur les ondes de la télévision d'État que le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, lui avait offert 10000$ en liquide lors de l'élection partielle dans Laval-des-Rapides en 1993. Le député libéral de Vimont, Vincent Auclair, a également affirmé qu'en 2002, le maire Vaillancourt lui avait fait une offre semblable.