La solidarité indéfectible des députés libéraux envers leur chef a permis, mercredi, de sauver le gouvernement de Jean Charest.

La motion de défiance, qui avait été présentée par le Parti québécois, a été battue par une majorité de quatre voix à l'Assemblée nationale.

Les 61 députés libéraux présents en Chambre sont demeurés fidèles à Jean Charest et à la ligne du parti, faisant mordre la poussière aux 57 élus du Parti québécois, de Québec solidaire et de l'Action démocratique (ADQ) -incluant les indépendants Éric Caire et Marc Picard.

«C'est un jour sombre dans l'histoire du Québec», a laissé tomber la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, en point de presse tout juste après le vote.

«C'est le pire premier ministre que nous avons eu depuis 30 ans», a-t-elle ajouté, l'air sombre.

Durant toute la durée du débat sur la motion de défiance, le chef du gouvernement est resté inflexible, réitérant son refus d'instituer une commission d'enquête sur l'industrie de la construction et le financement politique.

«Nous sommes convaincus qu'il faut permettre aux policiers, aux enquêteurs et aux procureurs de faire leur travail correctement et avec sérénité», a martelé le premier ministre Charest en Chambre.

«Selon le résultat des enquêtes, nous devrons envisager des mesures permanentes. La réponse ne doit pas se limiter à une mesure temporaire. Il ne s'agit pas uniquement de faire un grand coup», a  poursuivi M. Charest, pour qui une commission d'enquête ne servirait qu'à accoucher d'un autre rapport.

Le premier ministre s'est par la suite interrogé sur les motivations réelles de la chef péquiste à vouloir faire tomber le gouvernement libéral, élu il y a moins de deux ans.

Selon lui, Mme Marois n'a qu'une idée en tête: précipiter le Québec dans la tourmente référendaire.

«La chef du PQ veut plonger le Québec dans une crise référendaire le plus rapidement possible. Pendant que nous, nous posons les gestes nécessaires pour contrer la corruption et la collusion, la chef de l'opposition passera à l'histoire comme étant la première chef de parti à proposer des élections générales alors qu'elle n'a aucun programme, entre Noël et le Jour de l'an», a-t-il lancé avec un brin d'ironie.

Si elle avait recueilli la majorité des voix à l'Assemblée nationale, la motion de censure aurait forcé le premier ministre à déclencher de nouvelles élections. Il s'agissait cependant d'une possibilité toute théorique puisque les libéraux, majoritaires en Chambre, détenaient le dernier mot.

Malgré la pression populaire et les appels de Pauline Marois, Amir Khadir, de Québec solidaire, et Gérard Deltell, de l'Action démocratique, à la «conscience» des députés libéraux, aucun d'entre eux n'a défié l'autorité du chef.

Faute d'avoir obtenu la tête de Jean Charest, le coleader de Québec solidaire a dit souhaiter que les électeurs de la circonscription de Kamouraska-Témiscouata donnent une leçon aux libéraux à l'occasion de l'élection complémentaire du 29 novembre.

«Je voudrais faire un appel particulier aux citoyens de Kamouraska: vous n'avez pas le droit de ne pas voter, le Québec a les yeux tournés vers vous», a lancé M. Khadir.

Quant à lui, le chef de l'ADQ a estimé que le premier ministre Charest ne méritait plus la confiance de la population.

Le chef du gouvernement, a analysé M. Deltell, a «terni l'honneur» du Québec en se laissant guider par les intérêts partisans de son parti plutôt que d'agir en véritable homme d'État.