Patron depuis sept ans de l'Autorité des marchés financiers, Jean St-Gelais sera déplacé par le gouvernement Charest. Il deviendra en avril le premier président de l'Agence québécoise du revenu, nouvel organisme qui remplacera le ministère du Revenu.

Selon ce qu'a appris La Presse, l'ancien mandarin a choisi le nouveau poste que lui a proposé Raymond Bachand, ministre des Finances et du Revenu. Il a été impossible hier de savoir qui remplacera M. St-Gelais à l'AMF. Au printemps prochain, l'ancien ministère deviendra officiellement une agence, selon le modèle adopté par le gouvernement fédéral. Le lancement de l'opération est important pour Québec, qui attend des revenus toujours plus importants de la lutte contre l'économie clandestine. Les syndicats ont dénoncé la création d'une agence, qui permet de défoncer les échelles salariales normales pour retenir des compétences plus rares, en particulier des vérificateurs, plus difficiles à trouver dans la région de Montréal.

Au Revenu, la sous-ministre Francine Martin-Vaillancourt prend sa retraite. L'Agence du revenu compte 10 000 employés, près de 20 fois plus que l'Autorité des marchés financiers, mais le mandat de la direction et le prestige qui y est rattaché sont très différents. St-Gelais était depuis 2005 président des Autorités canadiennes en valeurs mobilières.

Ancien secrétaire général du gouvernement

Le patron de l'Agence du revenu devra redynamiser l'organisation - le Ministère a une grande force d'inertie, explique-t-on dans les coulisses du gouvernement.

À titre de premier patron de l'Autorité des marchés financiers, St-Gelais avait été nommé à un poste stratégique en 2003, lors de l'arrivée au pouvoir du gouvernement Charest. Cet ancien mandarin avait été, pendant deux ans, secrétaire général du gouvernement (le premier fonctionnaire) sous Bernard Landry. Auparavant, il avait passé toute sa carrière aux Finances.

L'affaire Norbourg et les enquêtes concurrentes de la GRC et de l'AMF sur les activités de Vincent Lacroix avaient donné mauvaise presse à la jeune organisation. Le gouvernement avait envisagé de déplacer le haut fonctionnaire il y a deux ans - la rumeur veut qu'on lui ait offert alors la direction de la Société de l'assurance automobile du Québec après le départ de John Harbour, une offre qu'il a déclinée.

Le mandat de M. St-Gelais comme président de l'AMF avait été renouvelé en 2008 pour cinq années supplémentaires.

La décision récente de l'organisation d'interjeter appel d'une décision de la Cour supérieure favorable à 138 investisseurs floués dans l'affaire Norbourg a encore une fois fait mal paraître l'Autorité, bien que le gouvernement ait été en total accord avec l'appel d'un jugement lourd de conséquences pour le fonds d'indemnisation du gouvernement.