La disposition anti-briseur de grève, qui date de 1977, est désuète, a démontré Raynald Leblanc, président du syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM).



Selon la loi, seuls les cadres engagés avant un lock-out peuvent remplacer les syndiqués. Il est interdit de permettre à un tiers de venir travailler dans le local de travail pour remplacer les lock-outés. C'est ce qu'on appelle la notion d'établissement. Une notion élaborée avant internet, la téléphonie cellulaire et le télétravail.

Depuis le lock-out, le Journal de Montréal fait faire son infographie par la boîte Côté Tonic. Selon M. Leblanc, la direction du quotidien aide même à gérer l'horaire du personnel de la boîte. Le travail fait par Côté Tonic représenterait celui de 22 employés syndiqués.

M. Leblanc ajoute que le Journal de Montréal ferait maintenant faire sa comptabilité à Saint-Jérôme, sa page « 5 minutes » à Paris et sa révision linguistique à Québec et Blainville.

Cela prouve selon lui que la notion d' « établissement » de la loi anti-briseur de grève est devenue obsolète.

Comment changer la situation? Il propose de tout simplement « interdire le travail d'un tiers ».

Il ajoute que la place de l'agence QMI a beaucoup augmenté depuis le conflit. Elle sert maintenant à remplir environ 40% du Journal de Montréal, selon une évaluation d'Influence Communication.

M. Leblanc croit que Quebecor s'est servi du conflit de travail pour « tester » un nouveau modèle d'affaire. Le lock-out était « planifié de longue date, organisé pour une seule raison (...) de mettre en place un plan d'affaire », croit-il.

Le lock-out serait devenu la « norme » chez Quebecor. Dans les dernières années, plus de 800 000 jours de travail auraient été perdus à cause de lock-out dans les différentes entreprises de Quebecor.

Des remords

Peu avant le conflit, M. Leblanc assurait que le fonds de grève permettrait aux syndiqués de durer au moins deux ans. Des observateurs estimaient que cette déclaration a nui aux négociations.

Il regrette maintenant cette déclaration. « (Elle) n'aurait jamais dû être faite», a-t-il avoué. Il avait voulu « rassurer (son) monde ».

M. Leblanc dit ne pas être venu en commission parlementaire pour « négocier », « laver (son) linge sale en famille » ou pour « casser du sucre sur le dos de (ses) patrons ». Le syndicat veut montrer « lacunes » de la loi.

Khadir refusé, ministre absente

La commission parlementaire a perdu ce matin son parlementaire le plus pugnace. On a refusé à Amir Khadir d'y participer. Il peut néanmoins rester dans la pièce et assister aux échanges.

M. Khadir n'est pas membre de la commission de l'économie et du travail. Il voulait y participer, entre autres car le quotidien est situé dans sa circonscription de Mercier. Pour y participer, le représentant de Québec solidaire avait besoin d'un consensus des députés membres de la commission. Les libéraux puis les péquistes s'y sont opposés. Ils ont discrètement manifesté leur opposition au président de la commission, devant une salle remplie, peu avant que témoignent les responsables du STIJM. « En deux ans de présence à l'Assemblée nationale, c'est la première fois que je me vois refuser la parole en commission parlementaire», s'est-il plaint.

On s'attendait à ce que M. Khadir fasse un interrogatoire serré au patron de Quebecor, Pierre-Karl Péladeau, qui parlera ce matin à 11h. C'est M. Khadir qui avait posé les questions les plus difficiles et critiques à Henri-Paul Rousseau lors de la commission parlementaire qui examinait les pertes de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

La ministre du Travail, Lise Thériault, n'a pas demandé de participer à la commission, ce qu'elle aurait pu faire. Le PQ s'est dit « très déçu » par son absence. Selon le député libéral Jean D'Amour, elle s'est absentée par « souci d'objectivité ».