Bien des députés adéquistes qui ont mordu la poussière aux élections de 2008 n'attendent qu'un geste de François Legault pour se joindre à un nouveau parti. Ils sont prêts à suivre, mais personne ne sait exactement où l'ancien ministre péquiste veut les amener.

Rares sont ceux qui ont été mis dans le coup - aucun d'eux n'a eu accès à la plateforme que François Legault promet désormais pour la mi-février. Mais l'ancien ministre péquiste a déjà dit qu'un «adéquiste ne serait pas perdu» dans son programme. L'ancien ministre voudra mettre l'éducation au centre de son plan de match: «Ce sera éducation et création de richesse», résume-t-on. Il préconisera aussi l'abolition des commissions scolaires, une idée récurrente de l'ADQ à l'époque où le parti était dirigé par Mario Dumont.

Un sondage Léger Marketing rendu public en fin de semaine par le réseau TVA a enthousiasmé plusieurs anciens élus de l'ADQ. À lui seul, un parti créé par François Legault obtiendrait 25% des intentions de vote - autant que le PLQ et seulement 5 points de moins que le PQ, qui se classe en première place avec 30% des suffrages.

Si François Legault et l'Action démocratique du Québec unissaient leurs forces, le nouveau parti serait à égalité avec le PQ, à 31% des suffrages.

L'ancien député de Saint-Jean, l'adéquiste Richard Merlini, a parlé à quelques reprises avec François Legault l'automne dernier. «C'est intéressant, comme approche. On parlait de centre droit, puis M. Legault a parlé de «gauche efficace»... on va attendre de voir l'orientation qui sera prise», a-t-il dit avant d'ajouter: «Je n'ai pas de doute que le mouvement va se transformer en parti politique. L'ADQ ira-t-elle à M. Legault, ou ce dernier se joindra-t-il à l'ADQ? C'est trop tôt pour le dire.»

On comptait 41 députés adéquistes avant les élections de 2008. Seulement sept ont survécu au scrutin. Depuis, Mario Dumont a quitté la vie politique, puis Éric Caire et Marc Picard ont claqué la porte du parti.

Chez ces élus qui sont rentrés dans leurs terres contre leur gré, «on est tous intéressés, dit M. Merlini. On est 10 ou 15 anciens adéquistes à s'en être parlé. François Legault connaît notre intérêt».

«On veut tous revenir en politique active. Cela nous manque énormément, mais on ne voit pas comment l'ADQ pourrait revenir à son ancienne position. M. Legault pourrait réussir là ou l'ADQ a échoué.» L'ADQ est remontée à son taux historique dans les intentions de vote - autour des 15% - «mais, à ce taux-là, personne n'est élu», résume-t-il.

Image détruite

Pour Merlini, l'image de l'ADQ est irrémédiablement atteinte depuis 2008. Deltell et Legault se sont parlé l'automne dernier. L'ancien ministre péquiste a eu des contacts plus soutenus avec Jean Allaire, l'un des fondateurs de l'ADQ.

Personne de ces anciens élus adéquistes n'a cependant vu la première ligne de son programme. «On aurait souhaité être associés, mais il mène ça avec son groupe», observe l'ancien député Merlini.

À son avis, le chef Gérard Deltell «devrait aller le rejoindre. L'ascendant de M. Legault est beaucoup plus fort que le sien. Cela n'enlève rien à ses efforts, mais, à un moment donné, il faut un chef.»

Éric Laporte, ancien adéquiste de L'Assomption, sait lui aussi que plusieurs anciens députés adéquistes «sont prêts à faire le saut» avec l'ancien ministre péquiste, même si les perspectives se sont améliorées pour l'ADQ au cours des dernières semaines. Les deux partis devraient fusionner, à son avis: «Dans un monde idéal, il devrait y avoir un mariage entre les deux.» Devenu conseiller municipal à Repentigny, M. Laporte ne prévoit pas retourner en politique provinciale.

Il en va autrement de François Benjamin, de Berthier, battu lui aussi en décembre 2008. Il n'attend qu'un signe pour revenir à la vie publique et souhaite également que son ancien parti se rallie à François Legault.

Catherine Morisset, qui avait porté les couleurs de l'ADQ dans Charlesbourg en 2007 et 2008, ne veut pas retourner à la vie politique, mais elle croit que son ancien parti devrait considérer la fenêtre qui s'ouvre avec l'apparition d'un mouvement autour de François Legault. «L'ADQ a perdu son élan. Cela dépendra de ce que M. Legault dira. Les gens sont curieux et ils ont soif de quelque chose de différent», observe-t-elle.