Les problèmes de santé mentale du député de Groulx, René Gauvreau, ont créé un malaise mardi, à l'Assemblée nationale, alors que libéraux et péquistes se sont accusés mutuellement de manquer d'éthique à son égard.

Au cours des deux dernières années, la vie du député péquiste a été un véritable enfer: divorce difficile, perte de sa mère, dépression majeure et tentative de suicide.

Ces faits étaient demeurés inconnus du public jusqu'à ce que le leader parlementaire de l'opposition péquiste, Stéphane Bédard, ne les rende publics, mardi midi.

Il a justifié son geste en disant qu'il devait réagir avec vigueur aux allégations «inacceptables» faites la veille, selon lui, par la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

Mais cette dernière proteste, en clamant que ses déclarations n'avaient rien à voir avec la vie personnelle de M. Gauvreau. Elle accuse à son tour Stéphane Bédard de manquer de sens d'éthique, en déballant ainsi sur la place publique les problèmes très personnels d'un collègue.

«Ce n'est pas nécessaire de la part de Stéphane Bédard de faire des choses comme celles-là. Ça n'a pas de bon sens. Tu ne peux pas comme ça dévoiler à la face du Québec des problèmes que vit ton collègue», a fait valoir Mme Normandeau, lors d'un entretien téléphonique.

«Tout le Québec va apprendre ça. C'est épouvantable!», s'est-elle exclamée.

René Gauvreau s'est retrouvé récemment dans l'actualité en raison des accusations de vol qui pèsent sur un de ses anciens attachés politiques, Jean Paquette.

Selon la version de M. Bédard, Mme Normandeau a manqué de jugement en commentant l'affaire Paquette lundi, et en traçant un parallèle entre cette histoire et les allégations de collusion et corruption faites par le PQ depuis un an en relation avec l'industrie de la construction.

«Il est inacceptable de faire un lien avec ce qui se passe dans la construction», a plaidé M. Bédard, visiblement secoué, en regrettant que la ministre Normandeau ne soit «jamais à la hauteur».

Il lui fallait dénoncer un «tel manque de jugement», qui ne visait qu'à «faire baisser la pression sur le gouvernement», à ses yeux.

M. Bédard s'était entretenu en matinée avec M. Gauvreau, qui ne siège pas présentement à cause de ses ennuis de santé, et dit avoir obtenu l'autorisation de parler de ses problèmes personnels.

Il a ajouté que malgré ses déboires et ennuis de santé, le député Gauvreau n'avait rien à se reprocher dans l'affaire Paquette, ayant congédié son employé deux mois avant que des accusations soient portées contre lui.

De son côté, la ministre Normandeau ne comprend pas la sortie de M. Bédard contre elle, et met en doute sa décision d'exposer la vie privée de M. Gauvreau.

Elle soutient que lundi, dans les diverses entrevues données sur le sujet, elle n'avait jamais abordé le cas de M. Gauvreau, préférant plutôt interpeller la chef péquiste, Pauline Marois, sur sa façon de réagir aux allégations liées à M. Paquette.

Elle lui reprochait, en gros, d'avoir une attitude de deux poids, deux mesures, en multipliant depuis un an les allégations de toutes sortes sans preuve, tout en réclamant par ailleurs qu'on ne juge pas sans preuve M. Paquette.

«L'éthique entre collègues, cela passe par le respect de la vie privée», a-t-elle insisté, avouant son «très grand inconfort» quant aux révélations faites par M. Bédard.

Selon elle, ce dernier cherche à «faire diversion».

Tout cela, a ajouté Mme Normandeau, est «immensément triste» pour René Gauvreau.