Fallait-il interdire le port du kirpan à l'Assemblée nationale? Oui, répondent les élus. Ils ont adopté unanimement mercredi une motion pour «appuyer sans réserve» une récente décision du service de sécurité.

En janvier dernier, quatre membres de la World Sikh Organization (WSO) venaient présenter un mémoire à la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables.

La veille, le secrétaire de la commission les avait prévenus. Pour des raisons de sécurité, on leur interdirait d'entrer avec leurs kirpans. Ils se sont quand même présentés avec leurs couteaux religieux. Un gardien de sécurité leur a alors demandé de les laisser à la porte en consigne. Ils ont refusé et sont partis. Quelques minutes plus tard, le porte-parole du groupe, Balpreet Singh, dénonçait l'Assemblée nationale, qualifiant sa position de non négociable.

La péquiste Louise Beaudoin avait salué la décision des gardiens de sécurité. Mercredi, elle a présenté une motion pour qu'on les appuie officiellement. Les 113 députés en chambre ont voté en faveur. Y compris la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil. «Je soutiens cette décision. C'est une décision qui a été prise essentiellement pour des raisons de sécurité», a-t-elle dit dans un bref point de presse.

La ministre tenait pourtant un autre discours peu après l'incident. «Je suis neutre par rapport à ça. (...) Moi, je prends acte de la décision. Il faut respecter l'indépendance des institutions», affirmait-elle.

La WSO a dénoncé à nouveau l'Assemblée nationale mercredi. L'organisme rappelle que le kirpan est permis à la Chambre des communes à Ottawa et à la Cour suprême. Mme Beaudoin réplique que l'ONU l'interdit. «Il existe d'autres cultures juridiques (que la canadienne)», lance-t-elle.

«Ce vote représente un recul face aux valeurs de tolérance et de multiculturalisme», a déploré M. Singh par voie de communiqué. «Le multiculturalisme n'est pas une valeur québécoise», réplique Mme Beaudoin. Durant les débats, Pierre Curzi a même qualifié le multiculturalisme de «grand mal».