À ceux qui croient que le Bloc québécois pourrait conclure une entente avec le gouvernement conservateur pour éviter la tenue d'un scrutin général ce printemps, Gilles Duceppe lance un message: pour éviter des élections, Stephen Harper devra faire beaucoup pour le Québec.

«M. Harper a le choix: il peut répondre aux attentes du  Québec, ou provoquer des élections. De notre côté, nous ne plierons pas», a lancé le chef bloquiste, dans son discours de clôture du Conseil général de la formation, qui se tenait à Saint-Hyacinthe ce week-end.

Les demandes du Bloc québécois pour le prochain budget fédéral, qui doit être déposé d'ici quelques semaines, se chiffrent à cinq milliards de dollars. «Certains au Canada affirment que nos demandes sont exagérées. Au contraire, elles sont très raisonnables, a souligné M. Duceppe. L'Ontario a obtenu 10 milliards de dollars pour le seul secteur de l'auto et plus de quatre milliards de dollars pour l'harmonisation de sa taxe de vente.»

Le chef bloquiste a réitéré que seul son parti défendait les intérêts des Québécois à Ottawa, jugeant que les autres formations politiques n'avaient rien à offrir à la Belle Province.

«D'abord, il y a le Parti conservateur du Canada, un parti idéologique, inspiré de la droite américaine, qui n'a rien à voir avec les valeurs du Québec. Le danger pour le Québec, c'est que Stephen Harper obtienne une majorité et qu'il soit ainsi en mesure d'imposer, sans aucun frein, ses politiques idéologiques au Québec», a souligné M. Duceppe, devant quelques centaines de militants.

«Puis, il y a le Parti libéral du Canada, le parti du multiculturalisme, de la centralisation, des commandites, a-t-il ajouté. Selon Denis Coderre lui-même, les députés du Parti libéral prennent leurs ordres de Toronto. Je le crois. Or, dites-moi, qu'est-ce que Toronto comprend au Québec? Pour les Québécois, il n'y a plus rien à attendre, ni des libéraux, ni des conservateurs».

Quant aux néo-démocrates et leur chef, Jack Layton, M. Duceppe estime qu'ils ont des «idées sympathiques», des propositions qui «souvent» rejoignent celles du Bloc, mais que le NPD n'est pas en position de faire une différence au Québec.

Dans un discours à saveur électorale, M. Duceppe a expliqué certaines des décisions de son parti, dont l'appui au gouvernement, en matière de justice, pour abolir la règle de la libération automatique au sixième de la peine.

«Certains se sont étonnés de voir le Bloc s'entendre avec le gouvernement conservateur sur cette question. D'autres se sont étonnés de nous voir appuyer la coalition libéral-NPD en 2008, a dit M. Duceppe. Pourtant, c'est très facile à comprendre: le Bloc québécois n'est pas un parti doctrinaire, bêtement partisan.»