Décentraliser l'éducation et la santé, hausser les tarifs d'hydroélectricité pour mieux payer les enseignants, réorganiser le travail des médecins de famille et défendre le français sans parler de Constitution ou de séparation. Voilà l'essentiel du manifeste que François Legault devrait présenter la semaine prochaine, selon des informations colligées par La Presse.

Il le présentera toutefois peut-être avec une légère déception. Estimant que la réforme du fédéralisme et la démarche référendaire sont présentement impossibles, l'ex-ministre péquiste voulait former une coalition de souverainistes et fédéralistes. La Presse a appris qu'il a pressenti Claude Castonguay, père de l'assurance maladie, et la «dame de fer» Monique Jérôme-Forget. Les deux auraient refusé son invitation. La famille libérale est tricotée encore plus serré que ne l'imaginait M. Legault, pourtant un politicien aguerri. L'automne dernier, il avait aussi essuyé le refus de son vieux collègue péquiste Joseph Facal.

M. Legault sera toutefois accompagné d'une douzaine d'alliés la semaine prochaine. Comme l'avait déjà écrit La Presse, on devrait notamment compter parmi eux l'homme d'affaires Charles Sirois, président de Télésystème et responsable des candidatures au PLQ en 1998, ainsi que Bruno-Marie Béchard, ex-candidat du PLC et recteur honoraire de l'Université de Sherbrooke. Il y aura aussi la cofondatrice de Génération d'idées, Stéphanie Raymond-Bougie.

Quatre thèmes

Dans son programme, la «gauche efficace» de M. Legault s'articulerait autour de quatre thèmes: l'éducation, la santé, l'économie ainsi que la langue et la culture. Pour améliorer le réseau d'éducation, il proposerait une

rémunération incitative. Le salaire des enseignants serait haussé de 20% à 30%. Il essayerait de récupérer cette somme en haussant les tarifs d'hydroélectricité et en rationalisant les commissions scolaires. Des économies de quelques centaines de millions pourraient ainsi être faites.

Lorsqu'il était ministre de la Santé ou de l'Éducation, M. Legault prônait la décentralisation. Il défendrait encore cette voie. Les hôpitaux recevraient plus d'autonomie. En échange, on leur demanderait plus de transparence et ils auraient l'obligation de rendre des comptes. Par exemple, les directeurs d'hôpitaux auraient plus de pouvoir décisionnel, mais ils seraient évalués en fonction de leurs résultats de gestion.

Le projet de l'ancien ministre souscrirait aussi aux idées de Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. M. Legault estimerait lui aussi que pour faciliter l'accès aux soins de première ligne, il faut augmenter le nombre de patients par omnipraticien, plutôt que d'augmenter simplement le nombre d'omnipraticiens.

Aucune coupe draconienne des dépenses ne serait prévue. M. Legault fixerait à 3% la portion de dépenses qui pourraient être comprimées sans trop de douleur.

M. Legault ferait aussi le pari de protéger la langue française à l'intérieur du giron constitutionnel canadien. Il refuserait de se plier au jugement controversé de la Cour suprême sur les écoles passerelles. Comme le PQ, il voudrait utiliser la clause dérogatoire pour appliquer la loi 101 aux écoles privées et mettre ainsi fin aux écoles passerelles. Il refuserait par contre d'étendre la loi 101 aux cégeps, une mesure contestée au sein même du PQ.

M. Legault ne se contentera pas de dévoiler son plan d'action. Il lancera aussi un site internet où il pourrait recueillir les dons, et, comme nous l'avons déjà écrit, entamerait une tournée du Québec pour défendre ses idées.

Legault et Sirois: lundi prochain à 10h

François Legault et l'entrepreneur Charles Sirois convoquent les médias lundi prochain. Ils dévoileront les idées de leur Coalition pour l'avenir du Québec au Centre d'interprétation de la Place-Royale, à Québec.

En attendant, ils ont produit une vidéo pour annoncer la conférence.