Le collectif «Maîtres chez nous 21e siècle» accuse le gouvernement Charest de déposséder les Québécois de leur richesse énergétique et de briser le pacte conclu entre la population et l'État québécois en 1962 lors de la nationalisation de l'électricité.

Rencontrant les médias, jeudi, plusieurs personnalités -dont Bernard Landry, Gérald Larose et Claude Béland- ont rappelé que le peuple québécois avait alors donné un mandat très clair à l'État québécois: préserver pour les citoyens les ressources énergétiques.

L'ex-premier ministre Landry, en voyage aux États-Unis, avait fait parvenir une déclaration sur vidéo dans laquelle il note que tous les gouvernements depuis celui de Jean Lesage ont respecté «la tradition québécoise de l'action ordonnée du secteur public dans l'univers énergétique», notamment par le biais de la Société québécoise d'initiative pétrolière (Soquip).

La manière dont le gouvernement Charest se comporte dans le dossier énergétique n'est pas tolérable, selon M. Landry. «Nos successeurs ont commis une erreur lamentable et ont rompu avec cette tradition. Ils ont balancé -pour des montants dérisoires- ce patrimoine dans le secteur privé avec la catastrophe qu'on a dans le secteur des gaz de schiste, où il faut au plus vite faire un moratoire.»

M. Landry estime que le Québec aurait raison d'exploiter son pétrole, s'il s'en trouve dans son sous-sol, plutôt que de laisser des intérêts privés se l'accaparer. «Ce n'est pas être un pays voyou que de produire du pétrole, mais dans de bonnes conditions et en préservant le patrimoine collectif, suivant la tradition québécoise.»

«Maîtres chez nous 21e siècle» a rendu publique jeudi une déclaration dans laquelle le groupe exige du gouvernement Charest qu'il se réapproprie les droits sur l'exploitation des hydrocarbures, qu'il a cédés «pour une bouchée de pain, sans consultation publique».

Gérald Larose s'est montré particulièrement virulent devant la cession des droits que détenait Hydro-Québec. «La réalité, c'est un vol, un vol au peuple québécois (...) Ce dont on parle, c'est d'un trésor public inestimable dont on a été dépossédés de la même manière que (l'ont été les victimes de) Norbourg et (de Earl) Jones, c'est-à-dire secrètement. On a été floués.»

Faisant valoir qu'il ne s'agirait pas d'une nationalisation puisque la ressource appartient déjà à la collectivité, «Maîtres chez nous» estime qu'en laissant le secteur privé agir à sa guise, le gouvernement Charest se rend coupable de spoliation du bien public.

Louise Vandelac, directrice de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM, a ajouté à ce bilan énergétique la décision de Québec de permettre l'extraction de l'amiante et son exportation dans des pays émergents.

«On est en train non seulement de saccager la maison, on est en train non seulement de se faire voler tout rond, mais on est aussi en train de ternir une réputation qui, jusqu'alors, était très largement intacte, et ça, c'est inadmissible quand on a un gouvernement qui s'appuie sur une base populaire aussi faible, quand on a un premier ministre qui prétend être au volant alors que la population l'appuie aussi peu.»

L'organisme réclame la publication du rapport du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) sur les gaz de schiste, et un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de cette ressource.

Plusieurs personnalités étaient présentes jeudi à Montréal lors du dévoilement de la déclaration -qu'elles se sont empressées de signer-, notamment: la cochef de Québec solidaire, Françoise David, le comédien et président de la Fondation Rivières Roy Dupuis, les environnementalistes Éric Darier et André Bélisle, respectivement de Greenpeace et de l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique, et le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard.