Déception et confusion, hier matin, au lancement officiel du site QuébecLeaks, calqué sur le désormais célèbre WikiLeaks, qui veut promouvoir la transparence en rendant publics des documents jugés névralgiques.

Confusion d'abord parce que le porte-parole de QuébecLeaks, jusqu'ici connu sous le pseudonyme de Noam Chomsky, a révélé sa véritable identité. Il s'agit de Luc Lefebvre, stratège web qui a déjà milité pour le Parti québécois. Il a siégé au comité de direction du PQ dans Saint-Henri-Sainte-Anne, dans le sud-ouest de Montréal.

Le Parti québécois n'a pas tardé à réagir, affirmant haut et fort que M. Lefebvre n'était pas un militant du PQ et que son passage au parti avait été très bref. «Il a siégé quelques semaines à peine, note Manuel Dionne, attaché de presse du parti dirigé par Pauline Marois. Il a également été invité comme blogueur au conseil national en novembre 2009, à titre non pas de militant, mais bien de sympathisant souverainiste. Il l'a fait à titre personnel et n'a pas été rémunéré.» Bref, s'empresse de dire le PQ, Luc Lefebvre n'a jamais été salarié du parti et ne doit pas être considéré comme un militant. «Il n'a même pas sa carte de membre», ajoute Manuel Dionne.

Pourquoi s'attarder aux sympathies politiques du porte-parole de QuébecLeaks? Parce qu'un poste comme le sien exige une distance des partis politiques, une certaine neutralité qui aurait rassuré d'éventuels collaborateurs qu'il n'y avait pas de motivation autre qu'un désir de transparence.

Contenu inexistant

Cette question réglée, attardons-nous au contenu de QuébecLeaks. Inexistant, du moins pour l'instant. On se serait attendu à une révélation, à un coup d'éclat, à quelque chose qui aurait marqué le lancement officiel du site. Or, pour l'instant, on ne trouve rien sur le site QuebecLeaks.org. Pas de rapport secret, pas de compte rendu de conseil d'administration, pas de courriels sulfureux ni même une note de restaurant suspecte. Rien.

En entrevue à l'émission Dutrizac, l'après-midi sur les ondes du 98,5 FM (M. Lefebvre n'a pas répondu à nos nombreuses demandes d'entrevue), le porte-parole de QuébecLeaks a affirmé que son organisation avait reçu des dizaines de documents depuis l'appel public lancé il y a deux semaines. «Beaucoup de photos inutiles», a-t-il précisé, ainsi que trois documents qui, une fois examinés par un comité, n'ont pas passé la rampe. «Il ne s'agissait pas de documents exclusifs», a précisé M. Lefebvre.

Dans l'éventualité où un document soumis anonymement passerait les trois étapes d'examen mises sur pied par QuébecLeaks, l'organisation s'adresserait ensuite à un média reconnu pour établir une collaboration.

Qui se cache derrière QuébecLeaks? Hormis Luc Lefebvre, il y aurait une trentaine de personnes (à ses débuts, WikiLeaks se résumait à deux personnes) issues de milieux aussi différents que le droit, le journalisme, la finance, etc.

Pour l'instant, les gens intéressés à soumettre des documents ne peuvent le faire que par l'internet. Impossible d'envoyer des documents papier- l'organisation n'a pas encore de boîte postale. Rappelons que WikiLeaks avait reçu les fameux câbles diplomatiques par la poste.

Malgré le désabusement ambiant, il y avait des attentes à l'endroit de ce WikiLeaks à la sauce québécoise depuis quelques semaines. Or, jusqu'à preuve du contraire, QuébecLeaks fait l'effet d'un gros pétard mouillé.